Faustin Linyekula - Création du Monde (Théâtre de la Ville - 21 Juin 2012)
Ce spectacle est divisé en trois parties, de plus en plus courte : une heure de chorégraphie originale de Linyekula interprétée par la troupe du CCN Ballet de Lorraine, puis 20 minutes de reprise de la chorégraphie de 1923 de Jean Börlin, et enfin 10 minutes de monologue dansé par Linyekula.
C'est une immense troupe, plus de 30 personnes, tous jeunes, et tous à peu près blancs de peau, qui rapidement se retrouvent en justaucorps colorés ornés de motifs curvilignes noirs, assez jolis. La danse est ample, avec de beaux mouvements de bras, des poses, des défis, des affrontements, de nombreux moments qui opposent un individu à un groupe. Des critiques y ont vu naître des histoires d'amour, qui m'ont un peu échappé. La musique de Fabrizio Cassol est un formidable et splendide amalgame, depuis des rythmes africains jusqu'à des quatuors à cordes très classiques, contraposées et non juxtaposés, qui tout du long me semble fascinant. C'est peut-être un peu long, surtout quand je ne vois pas des lignes directrices claires, mais sans ennui pour autant.
Pendant ce temps, Djodjo Kazadi, en tenue de ville, s'affaire sur les bords du plateau à ranger et mettre en place le décor de la seconde partie.
En 1923 a été créé au Théâtre des Champs-Elysées le "premier ballet d'inspiration nègre", avec musique de Milhaud, "La Création du Monde", livret de Blaise Cendras (dont je n'ai rien compris), décor et costumes de Fernand Léger (décor OK, mais costumes trop contraignants), chorégraphie de de Jean Börlin (qui m'a plus semblé être un défilé des costumes de Léger dans les mouvements qu'ils permettaient), pour les Ballets Suédois, qui rivalisaient d'audace avec les Ballets Russes.
Je n'ai pas du tout été emporté. La musique est bien sur fort plaisante, mais les corps sont invisibles, et l'histoire incompréhensible.
C'est contre ce masquage des corps et des individualités, et cet effacement de la colonisation dans une histoire africaine inventée par des européens, que Faustin Linyekula s'insurge dans une courte troisième partie, où Djodjo Kazadi qui se fait son porte-parole crie un texte rageur et interrogatif sur la négritude, et la soumission des danseurs, et les images d'Epinal de l'Afrique vue par les blancs, etc.
Texte un brin confus, parce que ces questions n'ont pas de réponses, qu'il lance au public avec beaucoup de force, tout en tremblements hystériques et en occupant la scène avec une formidable présence.
Ailleurs: Chaudon, Guedouar, Bretault ...
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