Guy Cassiers - Coeur ténébreux (Théâtre de la Ville - 11 Décembre 2011)
Le titre est en référence à "Au coeur des ténèbres" de Joseph Conrad, qui a inspiré ce spectacle, et ce de manière bien plus directe que pour "Apocalypse Now" : nous restons au Congo belge, à la poursuite de M Kurtz, trafiquant d'ivoire aux méthodes terribles. Il y a un seul acteur sur scène, Josse De Pauw, qui récite le lent et envoutant monologue, ponctué de dialogues où il parle à un double vidéo, projeté sur le décor minimal, constitué de pans qui peuvent avancer ou reculer sur scène, et continuellement recouverts de projection vidéo. Celle-ci est constitué de différentes matières : de l'abstrait en taches pour la découverte de la jungle profonde, du semi-abstrait pour le sang en longues dégoulinades, du semi-figuratif pour les incendies, du figuratif pour la rencontre avec le russe. Le décalage des pans permet de mettre littéralement en avant, dans l'espace scénique, un personnage projeté sur un pan isolé en avant, ou par de subtils décalage créer un trouble, que le texte augmentera en malaise. Au-delà de l'efficacité de cette mise en scène, à la fois simple et complexe, et de la performance de l'acteur, qui ne force jamais le trait, et impose sa présence physique, jusqu'à en conférer une part aux mots récités, c'est la force du texte qui sort victorieuse. Les échos de "Apocalypse Now" sont paradoxaux, mais ne peuvent pas ne pas surgir : l'attaque des flèches dans le brouillard, les dialogues avec l'intermédiaire subjugué ... Mais la mort de Kurtz, et la rencontre finale avec sa fiancée, sont d'autres moments d'une grande force. Ce deuxième volet d'une trilogie en cours m'a fait beaucoup plus forte impression que Sous le volcan : au-delà des conditions alors désavantageuses, c'est aussi le minimalisme plus poussé qui me semble une grande réussite.
Ailleurs: ToutelaCulture, Allegro Théâtre, Le Beau Vice, ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire