Diederik Wissels - Anne Paceo (La Dynamo - 22 Octobre 2010)
Diederik Wissels - piano solo
A sa façon d'égrener quelques notes à peine, puis d'en tirer des lignes et un discours, j'ai cru un moment que ce jeune homme timide, qui ne dira pas un mot au public, allait partir pour une improvisation totale. Mais non, ce sera une suite de morceaux bien définis. On sent les influences, Keith Jarrett d'une part, et la musique classique, française, d'autre part. Subtilité des couleurs tonales, qu'il sait soudain altérer comme d'un changement d'éclairage, beauté simple des mélodies, élégance des climats, nostalgie ici, mystère ensuite. Pas de martèlements spectaculaires, pas de cavalcades effrénées, pas de rythmiques endiablées, pas d'exploration bruitiste aux frontières du silence, mais des plages de musique posées, un peu trop sages sans doute, mais très agréables, poétiques sans esbroufe, délicates, doucement rayonnantes.Anne Paceo - trio Triphase
Comme Anne Paceo le dira entre deux chansons, les deux disques successifs de ce trio, "Triphase" enregistré en 2008 et le tout nouveau "Empreintes", ne se ressemblent guère. Ils s'élancent plus physiquement dans la musique, remplissent l'espace d'une matière plus dense. Mais reste primordiale la notion d'équilibre et d'échange. Les solos sont très partagés, entre la batteuse Anne Paceo, le contrebassiste Joan Eche-Puig, et le pianiste Leonardo Montana. Un trio bien triangulaire, donc, où ils se laissent bien des espaces, et s'y investissent sans peur ni reproche, s'amusant et nous emportant dans leurs voyages complices.Dans cet équilibre, le jeu sans grande originalité de Montana, est un atout, qui l'empêche de monopoliser l'attention. La basse à la fois ronde et forte de Eche-Puig soutient efficacement les morceaux moins simples que sur le premier album, et les décore de courts solos bien réussis. Enfin, Anne Paceo est beaucoup plus présente que lors des derniers concerts où je l'avais vu, toujours aussi gourmande et extatique quand elle joue, et se lançant joyeusement dans de flamboyantes démonstrations, à la baguette, mailloche, main nue, ou balai (qui servira aussi de percussion, juste en fouettant l'air). Elle présente les morceaux, fait sa pub, le tout très naturel et spontanément charmant.
Et puis, une jolie surprise au cours du set. Si "empreintes" déjà précise "anne paceo - drums, voice", il ne s'agissait encore que d'un accompagnement à la voix, sans mots, et en arrière-plan. Rentrée de Birmanie, elle a cette fois écrit une vraie chanson, "Smile", un texte peut-être un peu trop direct et naïf, une voix qui n'est pas celle de Youn Sun Nah, mais c'est un beau moment, qui après la filiation Elvin Jones, donne celle d'Aldo Romano ...
Spotify : Je ne comprends pas la politique du label Laborie par rapport à Spotify. Ils y ont un temps publié tous leurs albums, mais en ont retiré désormais quasiment tous le Jazz. C'est d'ailleurs également le cas pour "Plus Loin Music" ou "Yolks Records". J'espère que ce revirement n'est que temporaire.
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