jeudi 29 mai 2008

Bernstein - Kaddish (Salle Pleyel - 28 Mai 2008)

Ludwig van Beethoven - Egmont ouverture


En apéritif, 10 minutes de musique dense, où les cordes sombres et tendues ne laissent que fugacement percer la relative clarté des vents. Tout un programme en quelques pages : celui du drame de Goethe, dont elles proposent un résumé anticipatif.

Wladyslaw Szpilman - Concertino pour piano et orchestre

Le compositeur est plus connu sous les traits de Adrien Brody, dans "Le Pianiste" de Roman Polanski. Cette oeuvre, composée en 1940, évoque énormément Gerschwin (le livret ajoute Chopin et Rachmaninov), mais utilise une structure en thème et variations, qui épuise assez rapidement ses charmes. La pianiste Ewa Kupiec semble se spécialiser dans les auteurs polonais méconnus ; c'est tout à fait honorable.

Leonard Bernstein - Symphonie n°3 "Kaddish"

A priori, tout le monde est là pour ça, l'avant entracte n'était que passe-temps. En trois parties et sept mouvements, utilisant un gros orchestre (l'Orchestre de Paris suffit-il ou fallut-il des supplémentaires ? La scène est en tous cas fort remplie ; John Axelrod dont les grands mouvements semblaient un peu exagérés pour Beethoven a de quoi ici s'exprimer de tout son corps !), un énorme choeur (le Choeur de l'Orchestre de Paris, plus la Maîtrise de Paris), plus un récitant (Samuel Pisar) et une soprano (Ana Maria Martinez), pour un dialogue avec Dieu après le génocide, l'oeuvre vise le grandiose. Surtout quand s'ajoute JFK, à qui Bernstein dédiera la création, quelques jours après son assassinat, et le 11 Septembre, qui détermina Samuel Pisar à écrire le texte désormais utilisé : ce survivant illustre raconte dans ce long récitatif son enfance baignée par la foi juive de ses parents, les berceuses de sa grand-mère, l'extermination et les camps, sa haine de Dieu, la douleur et la culpabilité d'avoir survécu, le difficile mais miraculeux retour à la vie, l'espoir d'une possible réconcialiation avec Dieu et entre les hommes ... Articulation inexorable, sa voix amplifiée à la perfection résonne avec une terrible précision. Sous cette langue profuse, la musique procède par parties bien délimitées et contrastées. Percussions varésiennes ici, architectures post-romantiques mahlériennes là, travail choral parfois schoenbergien, en passant par quelques accords aux richesses colorées messiaenesques, beaucoup d'influences peuvent être détectées. Et à vrai dire, si l'émotion est souvent intense, elle provient plus d'un choc, qui la surprise passée s'estompe assez rapidement, et non d'un vrai sentiment, qui creuserait au fur que la musique avance. Ainsi de la cantatrice, dont les premières notes me tétanisent, sans que cela ne dure guère. Que manque-t-il pour que je sois emporté ? Un brin de cynisme, sans doute, quelque-chose de grinçant, comme chez Ligeti ou chez Chostakovitch.

Ailleurs : Klari, Palpatine, van Moere

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tiens moi aussi... J'aurais attendu un effet beaucoup plus intense de cette oeuvre.
(certes , le contexte était différent)

Anonyme a dit…

GROS PORC RISIBLE ;D

Anonyme a dit…

Concernant Egmont, la musique de scène n'est pas du même niveau - c'est assez faible même.

Toutes les trouvailles qui suivent figurent déjà dans l'ouverture (y compris la toute fin).

Tout l'inverse du Manfred de Schumann, dont il est criminel de ne pas jouer toutes les composantes.