dimanche 6 janvier 2008

Francesco Tristano Schlimé (Cité de la Musique - 4 Janvier 2008)

Dans le cadre du festival "Jeunes solistes", je découvre enfin ce pianiste tant apprécié par gV. Du coup savais-je à peu près à quoi m'attendre ; pièces personnelles plus ou moins improvisées, et oeuvres baroques et contemporaines, se succédant parfois sans aucune pause, le spectacle de ce soir semble assez typique de ce jeune artiste luxembourgeois.

Francesco Tristano Schlimé - Hello

Difficile de dire dans ce genre de musique la part d'improvisation. La structure et le langage sont trop simples pour que tout soit écrit, mais la part de risque, par rapport à des pianistes de Jazz Free, est bien mince. On est du coup dans un "entre-deux" qui ne m'emballe guère, quelque-part entre du Keith Jarrett peu inspiré, avec ces cavalcades répétitives sur un bâti tonal bien décevant, et du Sylvie Courvoisier qui ne ferait qu'aligner des trucs et astuces sans y mettre l'âme nécessaire à les faire vivre, avec ces jeux dans les cordes elles-même. La fin me plait plus, suite de grands accords plus dépouillés, entre lesquels passe de l'émotion, un peu genre Henry Torgue.

Girolamo Frescobaldi - Toccatas

La toccata IV du Second Livre devient presque debussyste, tant il la joue vaporeuse ; la toccata X du Premier Livre est plus enjouée, mais il y conserve un tempo flottant. Cela modernise ces pièces, sans pourtant faire oublier leur origine de clavecin, ce qui donne de curieux accents, comme une traduction un peu provocante. Première pause, par un salut (mais sans sourire, image oblige).

Johann Sebastian Bach - O Mensch, bewein dein Sünde gross BWV 622

Le pianiste est beaucoup plus convaincant ici, dans cette transcription de l'orgue vers le piano faite par Emile Naoumoff : tempo plus strict, atmosphère grave et recueillie, une certaine dignité règne.

Johann Sebastian Bach - Suite française 4 BWV 815

De même, les rythmes joyeux donnent un allant très agréable à cette suite de danses. Lecture très claire, la musique jaillit comme toute fraiche, du grand plaisir. Deuxième pause, cette fois-ci c'est l'entracte.

Justin Messina - NY Tectonics - 4 City Bridges

Schlimé expliquera après la pièce que Messina est un ami, qui lui a écrit cette pièce comme un hommage à NY mais aussi à Detroit, ville où naquit la techno : les quatre plages sont à présenter dans un ordre choisi par l'interprète, qui doit aussi passer au moment de son choix de l'une à l'autre, comme un DJ. On reconnait des éléments de langage de "Hello", le même type de modalité qui me surprend un peu chez des compositeurs de cet âge (ils ne semblent pas se poser la question d'écrire de la musique autrement, comme si chosir ce modèle de composition parmi les mltiples modèles que le XXème siècle a créé n'avait pas à être justifié, comme si ce modèle était le seul existant). C'est plutôt réussi, mais dans le cadre restreint de l'école répétitive américaine. Pause, donc, explicative.

Joseph Haydn - Sonate 58 Hob. XVI:48

Dans le premier mouvement, l'utilisation très ostentatoire des silences, subtilement renforcés jusqu'à déstructurer le mouvement, m'agace. Le second, "presto", me plait davantage, même s'il le saupoudre d'éclats un rien artificiels. Pause, ou pas, je ne sais plus.

Luciano Berio - Wasserklavier

Après quelques recherches, il semble que cette pièce dure moins de deux minutes. Ce qui fait que je n'ai guère eu le temps d'y reconnaitre quoi que ce soit qu'on était déjà dans la suite.

Francesco Tristano Schlimé - Nach Wasser, noch Erde

Cette fois, il précise : improvisation. Rapidement, le discours de nouveau fait appel à de larges accords pour canaliser l'énergie (il faudrait lui faire écouter du Cecil Taylor !). Je commence à avoir du mal à ne pas me désintéresser totalement. Applaudissements nourris (ceux qui ne supportent pas ce "Glenn Gould de supermarché" dixit un spectateur en partance sont partis à l'entracte).

Bis

Il nous joue "Mélodie", de lui je crois, une improvisation sur une bribe de thème qui me faisait penser à du Niagara ; puis "Tango" de Stravinsky, sommet du concert après Bach, courte pièce toute en ironie, en rythme trépidant et léger, en parodie de Kurt Weill, un bonheur de bis !

4 commentaires:

Mayobeinev Bethdeknyode a dit…

Merci pour le compte-rendu très détaillé. J'ai assisté au concert aussi, un peu par hasard je dois dire et surtout par envie de piano solo. Je retrouve bien l'ambiance de la salle, à moitié conquise. Pour ma part c'est surtout l'arrogance et la suffisance du personnage qui m'a empéché de profiter de la soirée. Si celle-ci ne se traduisait que dans l'absence de sourire ... mais aime-t-il réellement ce qu'il fait; rêvant de techtonic en jouant du Bach? Trop de dispersion et pas assez de coeur à mon goût. A+

Anonyme a dit…

Il va venir au Printemps musical de Saint Cosme. L'occasion de se faire une idée...

Merci de ce témoignage,

Anonyme a dit…

ooh. tu etais la aussi!

bladsurb a dit…

Ben oui ! Et j'attends ton compte-rendu ! (un mois de retard, c'est pas sérieux ...)