Odile Duboc - Rien ne laisse présager de l'état de l'eau (Théâtre de la Ville - 9 Décembre 2005)
Comme seul élément de décor, une vaste plaque légèrement relevée dans un coin ; la lumière (de Françoise Michel, également associée, on peut deviner étroitement, à la scénographie) sera le moyen essentiel de varier l'aspect de la scène, ambiante ou concentrée, et essentiellement rouge.
Une dizaine de danseurs et danseuses commenceront par traverser aux pas de course cette zone, dans des arcs plus ou moins directs. Mais où est l'eau du titre ? Une citation de Francis Ponge dans le livret éclaire le projet : "Elle est blanche et brillante, informe et fraîche, passive et obstinée dans son seul vice : la pesanteur...". De fait, des chutes, il y en aura, multiples, molles, élastiques. Les corps sont comme en caoutchouc, s'abandonnant à la pesanteur, mais non vaincus par elle, rebondissants, se relevant toujours par vagues, et opposant une soudaine paradoxale résistance à la pression.
Par moments, tout s'arrête, les corps se figent dans des postures complexes et dignes ; parfois, les courants les dispersent violemment de tous cotés ; on notera aussi le passage répété d'animaux de fonds marins, marchant flottant dans des équilibres peu stables. Pas de spectaculaire, pas de provocation, une ouverture de l'imaginaire à partir des sensations.
Un spectacle qui semblait donc fort intéressant, mais dont je n'ai en fait profité qu'en petite partie ; la fatigue de la fin de semaine, conjuguée à la musique bruitiste et enveloppante de Thomas Jeker, me plonge dans un demi-sommeil, où les mouvements sur scène me semblent parvenir d'un rêve inhabituel.
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