Vokalensemble Stuttgart et Ensemble Modern (Cité de la Musique - 9 Février 2005)
Arnold Schönberg - Dreimal tausend Jahre, De profundis
Dans l'oeuvre de Schönberg, les pièces vocales sont sans doute les plus abordables (ce disque est par exemple très recommandable). "Dreimal tausend Jahre" célèbre la création d'Israël en trois minutes sereines, dans une technique dodécaphonique assouplie, qui entremèles des lignes vocales presque moelleuses. "De profundis", également dédié à Israël, affiche une plus grande ambition, mélangeant les styles, du chanté au parlé, du chuchoté au clamé, des partitions d'ensemble aux exploits solitaires (splendide solo de la soprano Kirsten Drope). Un concentré d'émotions et de gravité, en 5 minutes.Klaus Huber - Die Seele muss vom Reittier steigen
Un poème de Mahmoud Darwich est à l'origine de ce titre, qui dit "A l'âme de descendre de sa monture et de marcher sur ses pieds de soie". Longue pièce exigeante, en forme de concerto pour violoncelle, baryton (comprendre : un violoncelle baryton, qui ressemble à un luth), et contre-ténor (cette fois, c'est bien d'un chanteur qu'il s'agit). D'autres instruments plus ou moins étranges (théorbe, violons baroques, trombones baroques ...) et une inspiration d'origine soufiste (Huber a longuement étudié la musique classique arabe), apportent un léger souffle d'exotisme, à une pièce qui joue cependant beaucoup plus sur la gravité. Après une introduction apocalyptique où l'orchestre se déchaine en tous sens, la structure qui se met en place aligne plutôt d'austères solos, parfois à la marge du silence, le plus souvent gonflés d'émotions. C'est la beauté qui vient des frontières du pays aride.Luigi Nono - sara dolce tacere, Cori di Didone
Revoilà du dodécaphonisme, mais cette fois beaucoup plus acerbe, tranchant, inamical. La première pièce me laisse peu d'impressions. La seconde travaille par vagues successives d'intensités, qui mèlent des bribes de mélodies, en cellules éclatées juxtaposées, mais sans grand charme. J'aime beaucoup certains morceaux de Nono, mais plus je découvre de nouvelles pièces, plus je m'aperçois que son oeuvre, en général, ne me touche pas.Luigi Dallapiccola - Canti di Prigiona
Ce compositeur deviendrait-il à la mode ? Deuxième audition de ces chants du prisonnier en moins d'un an. Tant mieux ! C'est toujours aussi beau et émouvant, mais sans forcer sur le pathos. Après l'imposante prière de Mary Stuart implorant d'être libérée par la mort, où les lignes vocales dodécaphoniques encore, se tissent autour du Dies Irae, l'invocation à Boèce apporte une vivacité bienvenue et un réconfort de faible durée, l'adieu de Savonarole achevant le voyage dans un climat hanté par la désolation.Pas gai, le concert, malgré Heinz Holliger, qui en tentant de corriger sa coiffure particulièrement grotesque de chauve honteux manque de déclencher un fou-rire chez les musiciens. De plus, il vient annoncer juste après que l'avenir du Vokalensemble de Stuttgart, dont nous venons d'apprécier l'équilibre et la sureté, est menacé. Les pétitions de soutien à la fin du concert ont un beau succés.
Mise à jour :Dans la radio Pot-Pourri, j'ai mis les morceaux du début et de la fin de ce concert (oeuvres chorales de Schoenberg, et dernier Chant du Prisonnier de Dallapiccola).
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