Sébastien Texier Quintet (L'Improviste - 21 Janvier 2012)
Voici que s'ouvre tout près de chez moi un nouveau lieu de concerts de Jazz : la péniche "L'Improviste", réaménagée sur plusieurs étages pour une ambiance cosy et sympa, qui sent encore la colle et la peinture, et où Sébastien Texier tient depuis l'ouverture une carte blanche, qui s'achève ce soir.
Pour l'occasion, il réunit deux camarades de longues dates, le tromboniste Guoergui Kornazov et le trompettiste Alain Vankenhove, avec qui il avait déjà enregistré le disque "Chimères" il y a dix ans, et beaucoup tourné depuis. Leur connivence est évidente, que ce soit dans les dialogues rapides entre Kornazov et Vankenhove, ou dans les trios, vivement entremêlés ou subtilement superposés (trompette en aigu, saxophone en médium, trombone dans les basses). Cette ligne de front a une tenue plus uniforme lorsque Sébastien Texier utilise le saxophone plutôt que la clarinette, qui ne sera que rarement jouée, par exemple lors du premier morceau, "Dido". Loin de trop répétés barrissements, la technique de Kornazov se déploie ici plus dans les registres bas, expansions mélodiques et rythmiques que vient ombrer souvent une nostalgie inquiète. A la trompette, Vankenhove laisse chanter la mélodie, ou parfois la pousse vers le bruitisme.
La paire rythmique est elle plus récente : Frédéric Chiffoleau à la contrebasse et Guillaume Dommartin à la batterie. Si les solos ne sont pas trop le point fort de Chiffoleau, ils brillent sous les baguettes de Dommartin : ce sont des explorations intelligentes, posées, composées, entre différentes allures successives que je subodore liées par des rapports genre 4/3 ou 3/5, ce genre-là.
Les morceaux sont assez typiques d'un certain jazz français : des thèmes suffisamment simples pour bien entrer dans la tête et accrocher les pieds, mais assez riches pour nourrir les solos et les variations, facilement imprégnés de folklore balkanique plus ou moins réinventé. Ca oscille entre du très punchy, et des ballades prenantes. J'aimerai retrouver sur disque certains des morceaux joués ce soir et qui ne sont pas sur "Chimères".
Pour les derniers morceaux, le pianiste Bruno Angelini vient les rejoindre, lui aussi complice habituel de Texier.
En deux sets, le voyage est garanti, et fichtrement entraînant.
Spotify: Sébastien Texier – Chimères, Bruno Angelini – Sweet Raws Suite Etcetera, Alain Vankenhove – Beyond Mountains
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