samedi 12 novembre 2011

Parra Kagel (Cité de la Musique - 9 Novembre 2011)

Hèctor Parra - Caressant l'horizon

Quand le livret explique que le compositeur veut évoquer "les ondes gravitationnelles engendrées par la collision de deux trous noirs", on peut deviner que ça va être bruyant. Et ça l'est. L'EIC, dirigé à grands gestes expressifs, quasiment villepiniens, par Emilio Pomarico, rugit, convulse, explore les stridences ou les grondements, louvoie entre éruptions et frémissements, et se calme par moments pour qu'un ou deux solos s'installent, avant de repartir dans le fracas et le tumulte. Mais pour dire quoi ? Ici on entend la frénésie rythmique d'un Stravinsky, là les harmoniques violentes d'un Varèse. Et pas grand-chose d'intéressant, au final, pendant cette grosse demi-heure passablement ennuyeuse.

Mauricio Kagel - In der Matratzengruft

Changement radical d'acabit. Ici, chef d'oeuvre. Dernière composition de Kagel, écrite sur son lit d'hôpital, elle tire sa matière des derniers cycles de poèmes écrits par Heinrich Heine, paralysé et bloqué dans son lit. Dans la variété des accompagnements musicaux (les duos et les trios pullulent, genre harpe-tuba-trombone, ou violoncelle-clarinette, etc, dans un renouvellement constant de texture), on pourrait lire l'influence du Pierrot Lunaire. Mais la ligne vocale (le ténor Markus Brutscher y est magnifique d'émotion et de dignité) reste plus classique, même si, quand on l'observe de plus près, elle ose le cri de désespoir à peine camouflé, ou la parodie de grand air d'opéra.
Pourtant, l'atmosphère générale est à une certaine retenue, malgré la mort qui hante toute la musique. Une pudeur automnale. Un équilibre délicat, entre l'angoisse, la résignation, de brefs éclats de révolte, et l'humour qui bien que camouflé, reste un soubassement essentiel de l'esthétique Kagelienne. J'espère vraiment qu'il y aura enregistrement discographique, parce que c'est une musique que j'aimerai beaucoup écouter à nouveau, par exemple pour analyser davantage le lien entre la musique et le texte.

Ailleurs: Un très beau billet de David Sanson.

Aucun commentaire: