mardi 6 septembre 2011

Yaron Herman / Abdullah Ibrahim Trio (Cité de la Musique - 2 Septembre 2011)

Je retrouve avec plaisir le confort de la salle de concert de la Cité. Nouveauté de cette année : ils ont refait le bar !

Yaron Herman - solo

Cela commence par une mélodie, qui prend rapidement un bel essor, avant de se métamorphoser encore et encore, au gré des idées fort nombreuses qu'il applique avec virtuosité. Différents climats s'enchaînent avec un grand naturel, le cerveau ayant comme de l'avance sur les mains, ce qui lui permet de fignoler les transitions. Il est surtout question de vélocité, d'énergie, de course parfois effrénée, mais toujours soutenue par des arches mélodiques ou des systèmes modaux (ce n'est pas du Free Jazz). Après ce long premier morceau en forme de patchwork, les suivants sont plus classiquement brodés autour d'un thème dérivé d'un standard ou d'une composition personnelle, mais dont seules des bribes restent, au milieu d'envolées furieuses ou de dérivations songeuses. Il profite aussi du beau piano pour l'utiliser en percussion, et pour jouer un peu dans les cordes. La beauté semble souvent un peu masquée par la technique assez ébouriffante, mais elle est là, affleurante, à nous de la capter. Au final, sur "Hallelujah", l'émotion est plus facile, peut-être un peu trop, je préfère un morceau précédent, inspiré par Radiohead.

Yaron Herman

Abdullah Ibrahim Trio

Changement radical d'atmosphère. Abdullah Ibrahim n'a plus rien à prouver, ni au public, ni à lui-même. Il joue, avec cette simplicité qu'il faut des décennies pour acquérir. Ces compagnons, Belden Bullock à la contrebasse et George Gray à la batterie, sont sur la même longeur d'onde. Le temps en est suspendu, une bulle onirique où chaque note brille avec une sereine évidence. Les morceaux sont enchainés en de longues suites. A force, la couleur devient un peu trop monolithique, et au lieu d'avoir l'impression de partager une musique intime, j'ai vers la fin plus celle d'assister à une leçon, magistrale soit, mais un peu trop distanciée.

Abdullah Ibrahim Trio

Ce concert était diffusé en direct par France Musique, et peut être réécouté pendant un mois.

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Spotify: Yaron Herman – Variations, Abdullah Ibrahim – African Magic

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