lundi 5 septembre 2011

Mulatu Astatke / Cinematic Orchestra (Grande Halle de la Villette - 1 Septembre 2011)

Pour commencer cette année en douceur, voici un concert plutôt tranquille donné à la Grande Halle, dont les bancs ont été remplacés par des sièges du genre stade de foot, relativement confortable quoique un peu serrés.

Mulatu Astatke

De "Broken Flowers" je me rappelle plus les mines de Bill Murray que de la BO. C'est pourtant ce film qui a fait connaître à un certain public ce vétéran fondateur du Jazz éthiopien. Les rythmes sont plutôt mid-tempo et langoureusement élastiques, maintenus avec maestria par le contrebassiste Neil Charles, que viennent soutenir le batteur David De Rosen et le percussionniste Richard Olatunde Baker, sans oublier Mulatu Astatke lui-même, parfois aux congas mais essentiellement au vibraphone, où il essaime des ponctuations de couleurs flottantes, ou se promène armé de trois marteaux, le long de solos nonchalants et chantants. Aux cotés du trompettiste Byron Wallen, du saxophoniste James Arben et du pianiste Alexander Hawkins, on remarque la présence plus étonnante d'un violoncelliste, Danny Keane. Tout cela permet des étalages et des mixages de matières et de couleurs fort agréables. Que plus de la moitié des musiciens soient blancs montre aussi que l'authenticité musicale n'a rien à voir avec la couleur de la peau. Je me surprends finalement à reconnaître certains airs, sans doute passés sur Nova. Vers la fin du concert, les tempi accélèrent, les solos se font plus enflammés. L'heure tourne, ils ne respectent guère l'horaire de "première partie", mais c'est qu'ils étaient initialement prévus en "deuxième partie", et personne ne se plaint qu'ils fassent du rab.

Mulatu Astatké

Cette partie a été enregistrée par Arte et est donc disponible sur ArteLiveWeb.

Cinematic Orchestra

Alors, comment passe sur scène ce groupe aux disques si finement travaillés en studio ? Comme ci comme ça. Dans les déceptions, il y a des tentatives d'allonger les morceaux, mais au prix d'articulations qui sonnent artificielles, des relances comme forcées pour placer des solos. On "voit" bien sur beaucoup mieux comment Jason Swinscoe contrôle ses musiciens depuis ses machines électroniques et claviers d'ordinateur, lançant des boucles, indiquant les départs et parfois les arrêts des interventions. Mais cela reste un peu froid. Ca s'améliore quand la chanteuse Heidi Vogel peut profiter de vrais textes, qu'elle balance avec une conviction suffisante pour faire oublier Fontella Bass. Par contre, dans les parties uniquement vocalisantes, elle en fait un peu des tonnes, catégorie chanteuse exotique à voix. Dernière petite déception : Richard Spaven, par ailleurs brillant, n'est pas, dans "Flite", à la hauteur de l'album. Mais il y a quand même de grands moments : quelques minutes où ils s'adonnent à du Free Jazz bien pêchu, un passage presque trance techno, et une version impeccable de "Man with a Movie Camera".

Cinematic Orchestra Cinematic Orchestra

Ailleurs: bazarmusikal
Spotify : Mulatu Astatke – Mulatu Steps Ahead, The Cinematic Orchestra – Every Day, The Cinematic Orchestra – LIVE at The Royal Albert Hall

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