mardi 20 septembre 2011

Simon Tanguy - Noé Soulier (Théâtre des Abbesses - 17 Septembre 2011)

Le Théâtre de la Ville et le Musée de la Danse à Rennes ont organisé en Juin 2010 la première édition d'un concours intitulé "Danse élargie". Le programme de ce soir permet d'en découvrir les respectivement 2ème et 1er prix.

Simon Tanguy - Japan

C'est un solo, sur le thème de la mort et de l'agonie. On a droit du coup à des chutes, comme un homme frappé d'un arrêt cardiaque, ou comme une marionnette dont les fils sont coupés, des crises d'épilepsie, des cris, etc., et pourtant un enfant dans les gradins n'arrête pas de pouffer de rire. C'est qu'il perçoit dans la gestuelle élastique du danseur-chorégraphe son passé de clown, qui allège considérablement le propos, et rend la pièce ma foi fort sympathique. Vers la fin, allongé au sol, il débite à toute vitesse un texte dont je ne me souviens plus du tout.

Noé Soulier - Le Royaume des Ombres

C'est aussi un solo, en 5 parties, dont le danseur-chorégraphe nous expose préalablement le contenu, habillé en t-shirt, short et chaussettes particulièrement triviales.
1/ Un abécédaire des mouvements de danse classique (arabesques, sauts, etc.). C'est surement plus drôle pour les personnes capables de reconnaitre les figures et tentant de deviner où on en est dans la progression alphabétique.
2/ Une séquence uniquement composée de "pas de préparations", ces mouvements intermédiaires permettant de passer d'une figure à une autre. Ca joue sur la frustration et l'ironie.
3/ Une séquence de "La Bayadère", mais où ne sont conservés que les pas de préparation. Cette fois, le corps se fige quand aurait du avoir lieu un vrai saut, une vraie pirouette, etc. Le décalage joue excellemment entre le ridicule de l'exercice, la banalité de la tenue vestimentaire, et la pureté classique du langage chorégraphique utilisé en détournement.
4/ La même séquence de "La Bayadère", mais cette fois avec tous les pas, mais mis dans le désordre. Cela permet d'admirer la technique du danseur.
5/ Pour la dernière séquence, il nous avait expliqué vouloir citer tous les ballets écrits au XIXème siècle. De fait, il enchaîne de courtes citations d'une vingtaine de pièces plus ou moins connues. Il les énonce d'abord, en esquissant les gestes, puis le danse. C'est virtuose, mais toujours d'une façon détachée.
Le tout donne un exercice de style, drôle, intellectuellement simulant, certainement plus riche pour les personnes qui connaissent bien le langage de la danse classique, qui donne à la fois l'impression d'un hommage et d'un atelier de réflexion autour de ce langage, et l'impression d'une presque parodie, d'un décalage ironique qui revivifie ce langage classique, et le fait passer d'une langue morte en un matériau fructueux.

Noé Soulier - D'un Pays Lointain

Une danseuse seule enchaîne des positions simples, qu'une voix off bientôt explicite comme des illustrations de mots : "effrayé", "embrasser", "lac", "tirer à l'arc", etc. Un danseur vient la rejoindre, la voix se dédouble. A la fin, ils sont 4, à rester sur place à coté les une des autres, en enchaînant les positions au rythme immuable des voix off décalées et superposées. C'est malheureusement un peu vide et répétitif. L'aspect pantomime de la danse, tout amateur de danse indienne le connait parfaitement. Et ici, l'idée n'est pas assez variée : le passage du solo au quatuor ,'apporte quasiment rien, si ce n'est des sortes de points d'orgue où des gestes très semblables sont effectués par tous au même moment. Des passages où mots et gestes ne correspondent plus, se décalent ou se répondent, sentent vite le procédé facile. Seul éveille mon attention une sorte de résumé de "La Belle au bois dormant". C'est trop long pour trop peu de matière.

Noé Soulier - Petites Perceptions

C'est dommage de présenter trois pièces de moins en moins intéressantes. Celle-ci se base sur une théorie développée par Leibnitz sur la perception globale d'un mouvement sans en percevoir les éléments séparés. En pratique, on a un trio, qui se lancent dans de courtes séquences explosives où bras et jambes s'agitent et se lancent dans tous les sens, séparées par des immobilités pleines du bruit des respirations; C'est pas vraiment esthétique à regarder, ni passionnant en tant qu'objet théorique, je ne comprends rien à ce qu'il veut démontrer, bref, je m'ennuie pas mal.

Ailleurs: Toutelaculture

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