Ballet de l'Opéra de Lyon - William Forsythe (Théâtre de la Ville - 23 Février 2011)
Workwithinwork
Le décor peut difficilement être plus minimal : des murs bordent l'espace, percés de quelques portes, donnant l'impression d'une salle de répétition, quoique sans barre ni miroirs.Les danseurs s'y lancent en duos et trios, redoublés ou pas, tandis que d'autres font ou non spectateurs, en configurations continuellement variées. Fluidité et virtuosité se conjuguent dans tous les mouvements, où bras et jambes s'épanouissent en équilibres, déséquilibres, torsions et extensions, langage épousant le vocabulaire classique (oui, il y a des pointes !), mais en le poussant vers l'avant-garde.
En bande son, ce sont des duos de violons de Luciano Berio, et la manière dont la danse épouse fidèlement la musique n'est pas le moins étonnant de cette pièce : à chacun des duos (ce sont des séquences de quelques dizaines de secondes à quelques minutes) correspond une configuration de danse, mais aussi une vitesse en phase avec la musique, et un climat qui lui aussi peut en découler. L'ensemble est enjoué, vif et beau, même si un peu répétitif à la longue.
Quintett
Cette fois-ci, il y a un léger dispositif sur scène : une trappe d'où les danseurs surgiront et où ils se réfugieront, et un projecteur qui uniquement vers la fin montrera, parce que bousculé, le ciel lentement nuageux qu'il diffusait vers la trappe.Il n'y a plus que 3 danseurs et 2 danseuses sur scène, au lieu des 16 de la pièce précédente. Et la musique qui lentement décolle impose un climat fort différent : on y entend Gavin Bryars répéter encore et encore, peu à peu recouvert par les cordes, "Jesus' blood never failed me yet", et cela colore d'ombre mortifère la scène.
Mais la danse contredit en partie cette noirceur : son constant renouvellement, en flux et reflux, de duos frénétiques à des corps allongés et reprenant souffle, traduit plus la permanence de l'élan vital plus fort que la mélancolie dépressive.
Du rang V, et quoiqu'équipé de jumelles, je ne peux admirer qu'en partie l'architecture des postures et la grâce des mouvements ; dommage, surtout que Caelyn Knight est de la fête.
Ailleurs: Humeur du Jour, A Petits Pas, Palpatine (avec des photos du rang C, veinard), la souris ...
Spotify: Des duos de Berio sont transposés sur Vincent David – Berio & Boulez : Dialogue, Chemins, Récit... ; le sang de Jésus est la deuxième partie du Gavin Bryars – The Sinking Of The Titanic.
2 commentaires:
V est toujours mieux que W ^^ (certes, je n'ai pas d'attirance particulière pour Caelyn Knight - vous pourriez monter un fan club avec Palpatine). Mais même d'aussi loin, les torsions de la première pièce sont enthousiasmantes. Quant à la seconde pièce, j'aimerais bien la revoir de plus près, j'ai l'impression d'avoir manqué quelque chose, imprégnée de cette ombre mortifère, comme vous dites si bien, que n'a pas réussi à alléger le flux et reflux des gestes dansés.
J'ai découvert Caelyn Knight en Janvier 2008. C'est une des danseuses qui m'a fait le plus d'effet, mais bon, je ne suis pas balletomane, et je n'ai jamais vu Mathiiilde sur scène ...
Pour Quintett, je n'en suis pas au point de "Humeur du jour", pour qui "ce ballet est totalement bouleversant, rempli d'une émotion indescriptible"... Mais effectivement, j'aimerai aussi le revoir à l'occasion. De toute façon, quand l'Opéra de Lyon danse du Forsythe au TdV, il faut essayer d'y aller. Règle simple !
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