mercredi 18 novembre 2009

Bartok Kurtag Andre (Cité de la Musique - 15 Novembre 2009)

Bela Bartok - Deux images op. 10

Dernière oeuvre de jeunesse de Bartok, on y sent encore les influences des ainés, particulièrement Debussy. Cette pièce semble plus que d'autres sensible à l'interprétation : la lecture qu'en fait ce soir Sylvain Cambreling face à l'orchestre symphonique du SWR Baden-Baden et Freiburg est autrement passionnante que celle entendue il y a quelques années (où j'avais omis d'indiquer le chef d'orchestre, sans doute Eötvös).
"En pleine fleur" est ainsi englué de ténèbres, un sous-bois où stagne une odeur de décomposition. Quand à "Danse villageoise", on y entend rapidement des marches militaires en funestes augures.

György Kurtag - Nouveaux Messages op. 34/a

C'est une révision 2009 d'un cycle écrit il y a 10 ans, et c'est ce qui m'a le plus plu de ce que j'ai entendu de ce compositeur ! Il y a dans la matière sonore de ces pièces une brièveté et un mystère très attachants, c'est par moments même captivant ! En mode paresse, je recopie la fin du texte de Laurent Feneyrou :
"Alors le jeu de la soustraction reflète un monde disloqué, entre un genre et un état, entre une forme et un destin. Nous y éprouvons la concentration tout autant que ce qui est concentré, et quelque chose s'y serre, d'un esseulement, d'une inquiétude, d'un laconisme érigé en principe esthétique."

Mark Andre - ...auf...

J'en avais entendu et beaucoup aimé la partie 2. Cette fois, c'est le cycle complet, 50 minutes de post-Lachenmann magnifiques. Les 3 parties se prolongent par extension et accroissement de la masse sonore.
"...auf... 1" est donc le plus contenu, au seuil de l'audible, avec un fond sonore qui siffle ou qui chuinte, du souffle ou un ressac, en alliages instrumentaux introuvables, et au-dessus desquelles surgissent en péripéties de courtes explosions à peine prolongées de replongées dans le presque silence. "...auf... 2" commence par ce duel de pianos, puis cette matière étrange et mutante, et comme gonflée par quelque chose qui cherche à transpercer, à apparaitre. "...auf... 3" devient plus bruyant encore, avec deux percussionnistes dans les gradins, et de la diffusion électronique, mais où l'orchestre reste maitre des événements.
Des spectateurs quittent la salle en cours de route, ce qui, pour un concert "Festival d'Automne à Paris", est fort rare ! Et je continue de penser que ce morceau de bravoure orchestral, par sa puissance d'évocation et sa haute tenue musicale, est un chef d'oeuvre du début de ce siècle.

Spotify:
Budapest Philharmonic Orchestra - BARTOK: Viola Concerto / 2 Pictures
25 Years Experimentalstudio Freiburg

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