Compositeurs d'aujourd'hui : Emmanuel Nunes
Pour mieux connaitre et apprécier un compositeur, le disque est souvent utile, voire indispensable. Dans le cas d'Emmanuel Nunes, c'est plus compliqué. En effet, une part importante de son oeuvre s'intéresse à la spatialisation, que cela soit par l'informatique, par la disposition des musiciens dans la salle, qui doivent parfois se déplacer tout en jouant, ou par une combinaison de ces différentes techniques. Tout cela, le CD a du mal à en rendre compte.
Comme cette série "Compositeurs d'aujourd'hui" est publiée par l'IRCAM, les pièces présentes sur ce disque utilisent bien évidement de la spatialisation informatique ; le livret indique donc la difficulté :
Ce disque revêt un caractère assez spécifique puisqu'il tente de réduire un ensemble instrumental et une diffusion de huit hauts-parleurs entourant le public, pour Lichtung I, à une écoute stéréophonique. Le pari est encore plus fort pour Lichtung II puisque le dispositif normal de concert met en jeu douze instruments et treize hauts-parleurs qui prennent aussi la dimension verticale de l'espace en compte. Une procédure spécifique de mixage a donc été nécessaire, et la simulation que vous pouvez entendre ici a été réalisée au Spartialisateur de l'Ircam.
D'une certaine manière, c'est d'une transcription qu'il s'agit, pour CD, comme il en existe pour quatuor à cordes ou pour grand ensemble.
Lichtung I
Nunes classe ses oeuvres dans de grands ensembles. Le cycle "Lichtung", qui comportera trois opus, fait partie de "La Création", basé (entre autres ?) sur des "paires rythmiques". Peut-être ce principe unificateur se perçoit-il si on écoute beaucoup de pièces, ici ce n'est guère le cas.Ce qu'on entend peut se diviser en trois parties : une avancée lente à travers une forêt très dense d'événements sonores, à la fois instrumentaux et électroniques, où les percussions en résonances et les trilles jettent comme des taches de lumière, et où des fragments de mélodie dessinent peu à peu peut-être des chemins ; une accélération de l'orchestre débouche soudain sur une plage de sons de synthèse seuls (en concert, cela est bien plus perceptible, puisque visible ; cette synthèse utilisant aussi les sons instrumentaux préalablement stockés pendant la première partie, la césure est à l'audition du disque bien moins nette ; heureusement le livret aide), la "clairière" qui est un sens du mot "Lichtung", où les couches sonores s'allègent pour en arriver à de simples pizzicati virtuels escaladant l'échelle harmonique ; puis l'orchestre reprend, mais la forêt semble moins menaçante, les chemins plus clairs, la respiration plus ample, il y a même une jolie mélodie pour clarinette, rejointe bientôt par le violoncelle ; une dernière touche d'électronique, peut-être la sortie de cette forêt, permet de contempler les étoiles.
Lichtung II
Cette pièce, je l'ai vue en concert il y a deux ans. Je crois qu'à l'époque, j'avais oublié posséder ce CD. Il faut dire que si en concert, l'intérêt est dans l'étude des "trompe-l'oreille" distinguables par la comparaison entre ce qu'on voit et ce qu'on entend, sur disque, on ne peut guère jouer à cela. Il n'y a pas de structure aisée à définir, mais un ensembles de forces, de tensions, d'épisodes superposés qui se font échos, une complexité d'écriture que l'écoute seule ne permet pas d'analyser.Du coup, je préfère me contenter d'un extrait musical, les dernières pages de l'oeuvre.
2 commentaires:
Peut-être qu'en Super Audio CD avec 5 pistes, ça pourrait donner quelque chose... sur les quelques SACD multi-pistes que j'ai, les effets spatiaux sont assez convaincants.
Enregistrer un commentaire