Après le prologue intersidéral, le festival Agora ouvre les festivités par ce concert de l'Orchestre Philarmonique de Radio France (augmenté de quelques membres de l'EIC) dirigé par Pascal Rophé. Est-ce la taille de l'orchestre ou une nouvelle manie de mise en scène qui supprime l'estrade et met les musiciens au même niveau que le public ? Dommage pour la vue.
Gérard Grisey - L'icône paradoxale
Cette pièce pour grand orchestre et deux voix de femme s'inspire de la
Madonna del Parto de Piero della Francesca, et de son mouvement en abime vers l'infini. D'une part, l'orchestre attaque par des conflagrations aigües et tranchantes, puis enfle lentement, en ralentissant, et en conquérant les fréquences de plus en plus graves ; puis se densifie fortement, dans un tutti maelström majestueux. D'autre part, les voix (Susan Narucki et Lani Poulson) commencent par des sonorités pures et étales, avant de passer peu à peu des voyelles aux consonnes, de la note au bruit, du son pur souffle à la mélodie avec rythme. Cette superposition de trajectoires amène des moments assez prodigieux de rotations et de mouvements déboussolants. Même si elle est moins immédiatement captivante que "Vortex Temporum" ou "4 chants pour franchir le seuil", il est tout de même étrange et triste que cette oeuvre n'ait apparemment pas trouvé sa place sur un CD.
Jonathan Harvey - Mortuos Plango, Vivos Voco
Sans aucune coupure, l'orchestre est plongé dans le noir, le haut de scène est déguisé en vitraux, et la bande lance ses chants de garçon prisonniers d'une cloche. J'adore cette oeuvre. L'union mystique de la voix du fils du compositeur, et des sons de la grande cloche ténor de la cathédrale de Winchester. A la fois profondément serein et lumineux, mais aussi mystérieux, cette voix qui semble nous parvenir d'au-delà, à travers le spectre harmonique spécifique et unique de la cloche réverbérante. La douleur ("je pleure les morts") est transcendé par la jubilation du chant ("j'appelle les vivants"). J'écoute relativement souvent cette pièce sur un CD aujourd'hui peu trouvable, mais l'entendre diffusée en concert, avec spatialisation, lui rend une force délectable.
Elliott Carter - Concerto pour violoncelle
Encore un concerto pour violoncelle. Mais peu mémorable à mon gout. Interprété par Marc Coppey ce soir, mais commandé par Yo-Yo Ma, il offre au soliste une sorte de mélodie continue bien trop gentille, généreuse mais sans passion, et que l'orchestre habille assez paresseusement, changeant fréquemment de tenue, mais sans jamais m'emporter.
Jonathan Harvey - Madonna of Winter and Spring
L'inspiration est ici directement religieuse, pièce composée "en hommage à Marie, mère de Jésus". Presque 40 minutes divisées en 4 parties, une présentation des 20 mélodies formant la trame, une descente essentiellement électronique, une redite grave, glacée, fantomatique, des mélodies, puis une résurrection vers l'aigu. C'est agréable à suivre, un bel habillage de l'orchestre par les synthétiseurs, mais je n'ai aucun souvenir particulier dès le lendemain ...
1 commentaire:
ce que c'était laid, le Carter ! (j'ai entendu ça à la radio). Il y aurait des gens qui aiment ça qui pourraient m'expliquer ce qu'ils aiment là dedans ? parce que je serais curieux de savoir ....
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