dimanche 25 novembre 2007

La Chapelle Rhénane - Cantates profanes (Cité de la Musique - 24 Novembre 2007)

Voici un programme plutôt rare il me semble, les quelques cantates profanes de Jean-Sébastien Bach étant souvent éclipsées par son impressionnant catalogue sacré.

Cantate de la chasse - Was mir behagt, ist nur die muntre Jagdl (BWV 208)

Le livret précise : "on soupçonne le premier mouvement du premier Concerto Brandebourgeois d'avoir servi d'introduction". En son absence, l'entame est brutale, autant par la sonorité abrupte (et la justesse délicate) des deux cors de chasse, que par la voix puissante mais peu souple de Chantal Santon Jeffrey. Diane, Endymion, Pan, puis Pales, se succèdent, et parfois se joignent. C'est le passage d'Endymion qui me plait le plus, autant par la voix modeste mais très agréable de Julius Pfeifer, que pour la musique, reposant sur un air de violoncelle terriblement agile, bondissant, et chatoyant. Des duos de clarinettes hautbois ou de flutes accompagneront Tanya Aspelmeier, charmante, et Edwin Crossley-Mercer, lui aussi trop puissant.

Cantate "Hercule à la croisée des chemins" - Lasst uns sorgen, lasst uns wachen (BWV 213)"

Si la cantate précédente évoquait divers héros antiques dans une intrigue assez relâchée, ici il s'agit d'une leçon morale destinée au jeune Friedrich Christian pour ses 11 ans : il vaut mieux écouter la Vertu que la Volupté. Est-ce pour plaire à l'enfant que Bach utilise une sorte d'effet spécial dans une aria, avec une chanteuse en coulisse reprenant en écho les "Nein" ou "Ja" d'Hercule (excellemment chanté par le contre-ténor Philippe Barth) : trio répété entre Hercule, puis le violon hautbois d'amour, puis l'écho, trois fois de suite, puis Hercule - écho - hautbois, une fois ; puis de nouveau pour "Ja" : la surprise tourne à la lassitude. De même que le duo Hercule et Vertu, un interminable "Kuesse mir - ich kuesse dich" (ce qui semble bien près de la Volupté ...). Mercure, en final, enfonce le clou de la leçon.

Tout cela est fort agréable, mais par rapport aux cantates sacrées, il manque une vibration intime de l'âme, et même si l'anecdote ou la commande est sublimée par l'art de Bach, l'origine triviale de ces oeuvres reste sensible, et amoindrit l'intemporel habituel.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Un grand bravo a Mr Crossley Mercer pour sa richesse de timbre, son intelligence musicale et sa présence sur scène. Sa voix forte et puissante me fit vibrer. Il est bien faux de croire que J-S Bach utilisa le timbre de la Clarinette dans ses compositions de cantates ! En effet cher mélomane, vous confondez hautbois ,clarinettes et violons (air d'hercule ! ) ! On peut alors aisément imaginer et comprendre pourquoi vos oreilles ne peuvent distinguer les couleurs de voix riches et profondes,(comme celles de Chantal Santon ou E. Crossley-Mercer) et préférer celle d'un tenor certes juste dans les rythmes et la justesse des notes mais si peu expressif et toute fois vite couvert par le timbre seul d'un violoncelle !
Bach, par la grande vocalité de sa musique, le contenu harmonique, les thèmes charnels que nous avons pu ecouter lors de ce concert m'a charmé une fois de plus. Les moments d'éternité, que vous dites regretter, nous étaient bel et bien offerts par les motifs musicaux et leurs très bonnes illustrations par l'orchestre. Quiconque n'aurait pas compris le contenu direct et opératique du livret de ces cantates profanes ne peut que les dénigrer au regard des cantates sacrées de J-S Bach.
cordialement

bladsurb a dit…

De légères erreurs se seraient donc glissées dans mon texte :-) ?
Merci pour vos corrections ...