mardi 12 septembre 2006

Le Livre du Graal : Changement de perspective

Le conte dit ici que le roi Claudas n'avait en tout et pour tout que deux enfants. C'étaient de beaux garçons : l'aîné avait quinze ans, et s'appelait Dorin ; le plus jeune n'avait que seize mois, son nom était Claudin. L'aîné qui s'appelait Dorin était si orgueilleux, si violent et si excessif que son père n'osait pas le faire chevalier, de crainte que son fils ne se retourne contre lui et l'attaque dès qu'il en aurait le pouvoir. C'était en effet un jeune homme si prodigue qu'aucune richesse ne durait longtemps avec lui, alors que Claudas était le prince le plus triste et le plus avare que l'on pût trouver, et ne donnait jamais rien sauf lorsqu'il avait tellement besoin de quelqu'un qu'il ne pouvait vraiment pas l'éviter.
La Marche de Gaule, § 54

Le conte nous dit ici que Claudas, après avoir pris les deux lévriers à la place des deux enfants, retourna à son fils qu'il trouva mort : inutile de demander s'il en montra de la douleur, car il manifesta un tel chagrin qu'il serait difficile d'en éprouver un plus grand. Et pourtant ce n'était pas son habitude de s'abandonner à ce genre de démonstrations, car il était courageux, solide et endurant, et concédait peu d'importance aux malheurs qui le frappaient. Mais ce malheur-là, il ne pouvait pas s'en consoler si aisément, car l'enfant avait été exceptionnellement sage, courtois, courageux et hardi.
La Marche de Gaule, § 118

Nous parlons bien du même Dorin...
"Cher fils, disait Claudas à Dorin, vous étiez exceptionnellement vaillant, et si vous aviez vécu le cours naturel de votre vie, je ne sais en ce monde personne qui aurait pu vous valoir [...]. Et vous auriez eu le coeur, la force et le pouvoir de conquérir le monde entier, car il n'y a que trois choses chez l'homme qui puissent lui permettre de triompher de tout : la magnanimité et la courtoisie, la générosité et l'audace.[...]"
La Marche de Gaule, § 120

Aucun commentaire: