samedi 14 janvier 2006

Lachenmann / Mozart - Holliger (Cité de la Musique - 13 Janvier 2006)

Ouf ! Des billets à avalanches de commentaires apparaissent ici et , des messages s'entrecroisent à foison pour des places d'opéra, et le cycle des spectacles reprend. La trève des confiseurs 2005-2006 est donc officiellement terminée (et c'est pas trop tôt ...)!

Helmut Lachenmann - Mouvement (- vor der Erstarrung)

"Dans la plaine nait un bruit / C'est l'haleine de la nuit", c'est ainsi que débute la pièce, par des frolements, des soupçons d'accords, des crépitements furtifs, qui se densifient un peu, comme un désir incertain de musique ; désir qui se condense, musique qui s'extrait elle-même au forceps de cette gangue de non-son ; présence affirmée enfin, animal rétif et joueur, qui bondit à la poursuite de sa queue dans une boucle mélodique et rythmique assez rare chez Lachenmann ! ; puis disparaît d'un coup, laissant derrière lui de nouveau de simples indices, des traces, présence en creux.
Je comprends que ce soit le morceau le plus joué de Lachenmann : la forme générale, très facile à appréhender, permet plus facilement de "suivre" les instrumentistes dans leurs explorations bruitistes, et le compositeur dans son refus de tout un pan de langage musical habituel. Un chef d'oeuvre, quoi.

Wolfgang Amadeus Mozart - Mauerische Trauermusik

L'EIC jouant du Mozart, est-ce là leur mission ? Mais ils ne choisissent pas n'importe-quelle oeuvre non plus... Cette musique funèbre maçonnique, qui ne dure que 7 minutes (et sera redonné demain dimanche dans un programme tout Mozart), oppose plusieurs tempi, plusieures ambiances, plusieures couches, et en devient assez déroutante à écouter. Du coup, Heinz Holliger, après avoir expliqué qu'il y a une couche "16ème siècle" et une autre "Sturm und Drang", la redonne. De fait, à un fond de sauce pathétique, doux et digne dans sa douleur, s'oppose une surface plus dramatique et expressive, voire démonstrative. C'est magnifique, et cela sonne bien "moderne" (mais c'est peut-être du à l'EIC ...).

Helmut Lachenmann - "Zwei Gefühle" Musik mit Leonardo

Musique écrite dans la maison inoccupée de Luigi Nono, sur des texte de Leonardo da Vinci. Toutes les gammes des bruits et événements sonores inusités y passent, qu'on peut produire par des instruments, parfois sens dessus dessous. Percussifs, chuintants, sifflants, vrombissants... Un son d'orchestre perpétuellement mutant, paysage (de Sardaigne) sous une météo changeante. Trouées de lumière, jeu incessant des ombres, menaces de déluges... L'attention se doit d'être soutenue, je ne suis pas tout à fait au niveau requis. Mais une écoute plus légère a aussi son charme, qui n'essaie plus d'identifer la provenance de ses sons étranges, et se contente de leur beauté improbable et si neuve. Lachenmann lui-même récite deux extraits du "Codice Arundel", en triturant les syllabes et hachant le discours. Cohérent !

Wolfgang Amadeus Mozart - Symphonie 40 K.550

Exit l'EIC, c'est l'orchestre des Champs-Elysées qui s'installe, toujours dirigé par Holliger. Instruments d'époques, ce qui donne une sonorité particulière aux hautbois et bassons. Les cors jouent trop fort à mon goût. Les cordes sont parfaites.
La musique ? Le "molto allegro" est si usé qu'il est difficile de l'entendre. L'"andante" est aussi douceureux qu'une vieille liqueur, boisée et compotée ; mais que de répétitions ! Ca tourne en rond à n'en plus finir. Le "menuetto" est d'une énergie très agréable. Et l'"allegro assai" se répète quasi autant que l'"andante", mais comme il est beaucoup plus rapide, ça passe mieux. Bref, il y a encore du temps avant que j'aime vraiment la musique classique proprement dite !

Mise à jour : Tiens, j'ai peu de Lachenmann en stock. Mais l'opération Soldes chez AbeilleMusique va me permettre de combler cette lacune ! En attendant, dans le Pot-pourri, j'encadre un petit morceau de piano par un peu de musique funèbre ...
Mise à jour 2: Suite au prêt d'un collègue mélomane, j'y ajoute le fameux Mouvement - avant l'engourdissement.

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