Wim Vandekeybus - Sonic Boom (Théâtre de la Ville - 3 Décembre 2004)
Mélanger danse et théâtre, excercice habituel, rabaché même, de chorégraphe. Mais ici, s'agit-il vraiment de théâtre ? Peter Verhelst a écrit un texte, ici récité, qui raconte une histoire d'amour, ou peut-être deux, récit morcelé, raconté dans le désordre, à plusieurs voix ; à charge au spectateur de collecter les pièces du puzzle pour reconstituer le tout, s'il s'en sent l'envie. Le fait que ce soit dit en hollandais, surtitré dans le décor, n'arrange pas l'affaire. Autant dire que tout ce fatras de rencontre dans un port, de départ, d'abandon, d'éternel retour, ce ressassement de clichés et de lieux communs (au sens premier : une place avec deux platanes, revient comme une antienne) me gonfle rapidement.
Autre élément de ce spectacle : un DJ, dans une cabine d'enregistrement, qui anime une radio "rebelle", interrompt le récit de remarques en anglais (non surtitrées elles...), lance quelques disques intéressants, et passe le temps comme il peut.
Malheureusement, il, ou son double, se lance de temps à autre dans des sessions de "Simon Says" ("Jacques a dit") particulièrement désagréables. Le public frémit quand certains ordres, auxquels tous les protagonistes obéissent, frolent des clichés bien pénibles, comme "strip - stop" (tiens, seule la plus jolie fille se retrouve seins à l'air...), ou "scream - in silence". Ces démonstrations de manipulations mentales, livrées sans contexte, sans lien avec l'intrigue principale, n'ont aucune justification, et du coup aucun intérêt.
Tout est-il alors raté ? Presque ! Mais comme Vandekeybus est un immense chorégraphe et un excellent scénographe, créateur d'images fortes et parfois dérangeantes, il réussit, j'ai l'impression malgré lui, à sauver quelques moments dans ce spectacle assez court.
La danse, d'abord. Elle est rare, mais précieuse. Un passage inspiré par la marche, avec un croisement complexe de figures groupées d'enjambées, de sauts, de piétinements, de suspensions. Un autre sur l'effondrement des corps, et les mille et unes manières de rattrapper ou d'accompagner un partenaire qui tombe.
La scénographie, aussi. De la farine est répandue sur un corps allongé, qui se levant laisse une empreinte, dans laquelle il se couchera de nouveau, plus tard. Toujours avec de la farine, des marcheurs créent des pistes entrecroisées sur le sol. Des critiques saluent aussi la fin, en chutes répétées, mais la séquence me semble trop longue et un peu faible.
Voilà. c'est tout. C'est peu. J'espère que Vandekeybus reviendra vite à plus de danse...
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