mercredi 28 janvier 2015

Luigi Pirandello - Six personnages en quête d'auteur (Théâtre de la Ville - 23 Janvier 2015)

C'est la première fois que j'assiste à une représentation de cette pièce majeure, et j'ai eu du mal à bien suivre l'intégralité des péripéties dramatiques des six personnages. Ceci mis à part, quelle fantastique mise en scène et quelle formidable troupe !
On commence par une répétition de théâtre, au milieu des machinistes qui installent un décor, et l'irruption d'un directeur craint par tous, puis le début d'une pièce, avec un acteur qui se plaint de devoir porter une toque, etc. Le ton général est à la limite de l'artificiel, un brin trop articulé, sans vraie implication.
Puis débarquent les six personnages, dont les attitudes, le maquillage et les costumes légèrement outrés, me rappellent un peu du Bob Wilson. Avant la confrontation, il y a d'abord de l'incompréhension, entre eux qui veulent absolument raconter leur histoire, leur drame, leur douleur, et ceux qui sont censés les incarner, et qui les méprisent peut-être même sans le savoir ni le vouloir, une piste de cette pièce pouvant être la lutte entre une classe souffrante et incapable de bien se raconter, et une classe arrogante de sachants, qui ne peuvent que trahir la parole qu'ils portent.
Mais Emmanuel Demarcy-Mota fait surtout du théâtre. Et sa direction d'acteurs est fantastique. Les voix des personnages sont particulièrement bien typées, entre la logorrhée d'explications du père (Hugues Quester), l'ironie violente de la belle-fille (Valérie Dashwood), les glapissements douloureux de la mère (Sarah Karbasnikoff), le rejet haineux du fils (Stéphane Krähenbühl). Mais les deux rôles muets (et qui finiront mal ...) sont aussi excellemment tenus.  Les "acteurs" de la répétition pâlissent à leurs cotés - exception faite du directeur Alain Libolt.
Le décor est un mélange d'éléments hétéroclites, une scène de théâtre envahie d'accessoires divers, utilisé le plus souvent de manière assez minimaliste et abstraite, sauf par moments, par exemple à la fin, où un banc laisse place à un bassin mortel, luminescent et fumant, superbe image qui ajoute à la confusion entre abstrait et concret, réalité et fiction, réalisme et fantastique, fable et narration.
Il y a des images de cette soirée qui me resteront longtemps.

six personnages en quête d'auteur

Ailleurs : Armelle Héliot, Agathe Torres, Gilles Costaz ...

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