Intégrale des Sequenze de Luciano Berio (Cité de la Musique - 8 Décembre 2013)
Entre 4 et 5 heures de soli successifs, joués par des élèves de Conservatoire ? Quel pari ! Et brillamment relevé. Je ne vais pas faire un compte-rendu détaillé de chaque Sequenza, mais me focaliser sur certaines prestations.
Le voyage commence dans la Grande Salle, avec une ambiance de concert normal (sauf que les enchaînements sont plus rapides que d'habitude, il y a du monde à entendre derrière ...). Début extraordinaire par la Sequenza VI pour alto : Marion Plard n'insiste pas sur la violence du continuo (je me souviens de Christophe Desjardins arrachant le crin par poignées de son archet malmené), mais sur la beauté des passages plus mélodiques, qu'elle joue avec une plénitude de sonorité et une chaleur qui me plaisent énormément. Pour une fois, j'entends sous la Sequenza VIIa pour hautbois jouée par Thomas Hutchinson la note continue jouée au violon en coulisse (la pièce sera redite en fin de parcours, avec support de deux chanteuses : ce sera encore plus beau). Par contre, le piano résonant pour la Sequenza X pour trompette me semble toujours anecdotique. Laura Holm choisit une interprétation fort différente de celle de Cathy Berberian : la voie d'une tragédienne, intense et puissante, plus émotionnelle qu'extravagante. C'est magnifique. Samuel Bricault sera le premier à jouer sans partition, la Sequenza I pour flûte, sobre et lumineux. Cette courte pièce sera suivie de la plus longue, la Sequenza XII pour basson, jouée par Pascal Gallois, seul dédicataire et créateur présent sur place.
On passe ensuite dans la Rue Musicale. Les musiciens précèdent leur pièce d'improvisation en guise d'appel, le temps que les spectateurs convergent de stand en stand. La première pièce est le seul non-solo du cycle : la Sequenza IX, déclinée en version pour clarinette et saxophone, jouée par Raphaël Sévère et Hiroe Yasui ; de cette pièce donnée trois fois, ce sera ma version préférée, la plus enjouée par les effets d'échos et de tuilages du duo. Jessica Jiang commencera sa Sequenza I (elle aussi sans partition) au bord de la librairie, avant d'y entrer en nous y entraînant, Hamelin style, jusqu'aux portes du Musée, où nous sommes divisés en deux groupes.
L'ambiance dans le Musée de la Musique est plus intime, et intimidante, avec les élèves cernés par les instruments d'époque. Je me souviens surtout des dernières pièces, la Sequenza VIII pour violon, au classicisme magnifié par Malika Yessetova, et la ténébreuse et pourtant virevoltante version pour contrebasse de la Sequenza XIVb par Florentin Ginot.
Au final, un immense bravo et merci pour ces élèves déjà si doués et investis, et à la Cité pour la promenade et l'organisation.
Ailleurs : Michèle Tosi
Spotify : Une version EIC incomplète, et une version intégrale diverse.
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