mardi 10 décembre 2013

Chostakovitch - Gergiev / 14 et 5 (Salle Pleyel - 2 Décembre 2013)

Dmitri Chostakovitch - Symphonie n° 14

Symphonie de chambre par son effectif de petit orchestre à cordes accompagné de percussions, proche du cycle de lied orchestraux par sa structure en onze parties portées chacune par un poème chanté, et chef d'oeuvre par son émotion intense, mortifère, arrachant de douloureuses beautés aux portes du silence et du néant.
Les poèmes choisis, internationaux d'origine et tous traduits en russe, du Federico Garcia Lorca, Guillaume Apollinaire, Wilhelm Küchelbecker ou Rainer Maria Rilke, ne parlent pas de petits oiseaux chantant dans les arbres, mais d'un sujet quasi unique : la mort. Pour les interpréter, on alterne entre la soprano Veronika Djoeva, excellente, et la basse Mikhail Petrenko, extraordinaire de présence vocale et de puissance émotionnelle ; sa performance est par moment sidérante, et globalement exceptionnelle.
La musique flirte mainte fois avec le silence, où ne frémit qu'un violon transi, s'offre des bouffées de colère qui ne peuvent que retomber face à l'inéluctable, des rythmes macabres au xylophone, des fantaisies dodécaphoniques, mais qui laissent de la grande et belle beauté classique aux lignes vocales. C'est de la musique qui saisit l'âme et le coeur, et qui secoue, si on accepte de l'être ; une suite à la hauteur de la 13ème symphonie "Babi Yar".

symphonie n° 14 de chostakovitch

Dmitri Chostakovitch - Symphonie n° 5

Je retombe sur du terrain connu. Valery Gergiev et l'Orchestre du Théâtre Mariinsky sont ici chez eux.
Le premier mouvement commence impeccable de tension et de puissance, avec quelque-chose de bourbeux qui convient bien ; puis Gergiev accélère, à peine une pause pour une marche ironique, et accélère de nouveau, ça en devient furieux et pétaradant. L'orchestre tient le choc, la musique aussi, finalement. Parmi les solistes, je préfère les vents aux cordes,
Très bon deuxième mouvement, entre petite mécanique précise, et exquises mignardises de couleurs orchestrales. J'admire particulièrement la harpiste, donc chaque intervention, souvent en duo, est d'une parfaite mise en place rythmique qui nourrit l'émotion du moment.
La suite m'accroche moins. Et la fin me déçoit un peu. Oui, ce triomphe est laid, sans gloire, sans même vraiment d'esbroufe, plutôt de pacotille, mais j'y attends aussi une mise à mort, un cri humain de supplicié, que je n'entends pas ici. Tant pis.

Ailleurs : Didier van Moere, qui a la mauvaise idée d'inclure en auto-démarrage la vidéo du concert disponible sur CitéDeLaMusiqueLive.

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