lundi 15 août 2005

Smadj et Mercan Dede (Kiosque à Musique du Parc de la Villette, 14 Août 2005)

Smadj

Guitariste funk né en Tunisie, découvrant le oud à 30 ans, Smadj propose une musique aux confluences multiples. Sur des bases rythmiques enregistrées (le joueur de tabla présent sur scène se contente de les orner), volontiers lourdes, lentes, parfois entêtantes, il peut filer de longues improvisations dynamiques à l'oud, en fusion techno/world assez agréable ; il peut préférer rester derrière les platines, et laisser un collègue (nom oublié) prendre les devants, qui vocalise rauque un peu à la Thiéfaine et interpelle le public, en fusion techno/rock parfois un peu banale ; son utilisation d'un oud électrique, en guitar-hero reconverti, ne me convainc par contre pas du tout. Somme toute, une prestation intéressante, avec de belles réussites à l'oud, un efficace, long, drole et subtilement cynique final où le public est censé pouvoir demander des chansons spécifiques ("allo, chanson à la demande ! Mais, ..., c'est comme si c'était fait !", qui va du "Nom de la Rose de (sic) Natacha Atlas", à "Antisocial de Trust", ou "n'importe quoi de Bob Marley") ; mais la percussion trop enregistrée enlève beaucoup de vie, et les montées vers la transe électroniques n'opèrent pas. Manque de définition dans l'ambition musicale, peut-être.

Mercan Dede


J'ai découvert ce Turc lors de son travail avec Peter Murphy (ex-chanteur de Bauhaus) sur l'album "Dust". Il propose une electro-world très réussie (même catégorie que Talvin Singh, ou Dhaffer Youssef). Mais il ne chante pas, et joue à peine (du ney persan, et du bendir). Par contre, il sait s'entourer, produire, et faire monter la sauce.
Sur scène, deux frères de rythmes et de sang aux percussions, extraordinaires de virtuosité, de complémentarité et d'efficacité ; un jeune prodige à la clarinette et à la trompette, qui devra murir ses influences coltraniennes ; un qanoun ; et une derviche tourneuse.
Dans une première partie, tous jouent, et la danseuse se met à lentement tournoyer son envol, compensant l'interminable rotation par une remarquable expressivité mystique des bras, du torse, du cou. Puis ne restent que les deux percussionistes, discutant avec les samples de Mercan Dede, en duo ou trios ébouriffants de vitalité et de tonicité. Les substrats musicaux sont assez surprenants, une techno-poperie à la Jean-Michel Jarre, ou une espagnolade taurine jouée à la trompette. L'utilisation d'un énorme extrait du "Julunga" des Dead Can Dance semble plus une évidence. Tous reviennent, le public danse, malgré les interruptions un peu trop nombreuses. Le final se fera sur "Music" de Madonna, remixé en fête arabo-persanne !

A la sortie, surprise, je trouve Play-Pause et Raindrops !
Mise à jour:
J'ajoute dans la Pot-Pourri des morceaux arabisants divers, depuis le joueur de oud copyrighté ECM Anouar Brahem, à Dead Can Dance et Natacha Atlas ; de Mercan Dede (qui propose des MP3 sur son site) seul ou accompagnant Peter Murphy, à l'ensemble Aromates, qui vient de produire un très joli disque "Mélodies andalouses du Moyen-Orient" chez Alpha-prod.

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