samedi 22 mai 2004

Aka Moon (Sunset - 21 Mai 2004)

La soirée au Sunset commence vers 21:30, par un passage au SunSide (la salle au rez-de-chaussée), avec un quatuor italien, mené par Rosario Guiliani. Batteur et bassiste sont aussi enjoyés que des gardiens de prison, le pianiste réussit à ne pas faire applaudir ses solos, tant ils sont péniblement plats, et le saxo lui-même joue un hard-bop légèrement encombré de clichés et de formules, et de toute façon sans originalité ni grâce particulière.

Heureusement, rapidement, on descend dans la cave (le SunSet proprement dit), où Aka Moon s'installe vers 22h30.
Finalement, Magic Malick n'est pas venu, il est en vacances au Mexique... Pas de guests, reste le trio magique :
- Stéphane Galland à la batterie. La vision de Monk, la puissance d'Elvin Jones (rip). Le rythme hocquette, dérape, se divise, se multiplie, explose en tous sens. Un flux d'énergie mutante, un chaos bouillonnant. Tout ça avec un set de batterie presque minimal, mais une technique fabuleuse (roulements avec une seule main, rythmes indépendants entre les deux mains, frappes iconoclastes des symbales...) !
- Michel Hatzigeorgiou à la basse. A lui de contrôler le flux. Il le dompte avec rondeur, et s'envole de temps en temps dans des explorations plus guitaristiques.
- Fabrizio Cassol au saxophone. A lui de tournoyer, en galipettes et voltiges. Un débit impressionnant, mais une certaine aridité dans l'expressivité.

Généralement, on est plus dans le régime de l'énergie que de l'émotion. Exception notable, un solo extraordinaire de Hatzigeorgiou, sur une boucle de basse qu'il enregistre "au pied", puis sur laquelle il improvise sur un mode guitaristique, s'autorisant des pédales whawha (une ombre lointaine de Hendriks passe...), complétant et déformant la boucle, saturant le champ...

Sinon, donc, on est plutôt dans le registre jazz-punk, mais avec élégance, par exemple celle de ne jamais hurler dans le sax, alors même que l'accumulation d'énergie semblerait réclamer ce genre de paroxisme exultatoire. L'énergie va alors plutôt être fondue dans une débauche de cymbales, ou dans la répétition férocement virtuose d'une phrase synchrone pour une fois par les trois compères.

Le spectacle est en trois sets, 22:30-23:30, 00:00-01:00, 01:30-02:00, plus un bref rappel. Le public, dense au début, se clarsifie de set en set. Pour le troisième, on est enfin à notre aise, et on peut se rapprocher de la scène. Dans ce dernier set, Galland donne tout ce qu'il a en réserve pour piéger ces camarades, dont la communication et l'interaction fait plaisir à voir et à entendre.

On sort rassasié, et pour ma part gonflé à bloc. Suffisament pour commencer ce blog !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Dans les quelques disques d'Aka Moon que je possède, je recommande particulièrement "Akasha", volumes 1 et 2, où le trio est accompagné de musiciens indiens, et explorent des territoires carnatiques. Ce mariage me semble plus riche et réussi que les Live réalisés avec des musiciens africains.