mercredi 5 février 2014

Quatuor Arditti - Manoury, Dusapin (Cité de la Musique - 21 Janvier 2014)

En introduction, Laurent Bayle, visiblement ému, dédie le concert à la mémoire de feu Claudio Abbado.

Philippe Manoury : Quatuor à cordes n° 3 "Melencolia"

Chaque membre du quatuor Arditti a devant lui trois crotales (de petites cymbales accordées), ce qui ponctue le discours de jolies résonances aiguës, qui se marient spectaculairement bien avec les cordes. Il y a moins de violence que dans certaines oeuvres récentes de Manoury, c'est plus une lumière mordorée, tamisée, claire-obscure, qui est proposée, au gré d'épisodes parfois rapides mais le plus souvent contemplatifs ou frémissants. Il n'y a ni électronique ni spatialisation, et pourtant les techniques utilisées évoquent les sons enregistrés à l'envers, les modulations, les transformations en temps réel. De nombreux passages sonnent comme des rituels, rythmés par les crotales ou par des sortes de pizzicati lentement métronomiques. Il y a de la tension, du mystère, et même de l'émotion qui affleure, filtrée, voilée, mais à portée, que ce soit plages de tristesse, asthénie du deuil, ou éclats de rage. Un seul grand bloc de 40 minutes, impressionnant et splendide.

Pascal Dusapin - Khôra

C'est une pièce d'un petit quart d'heure, pour orchestre de trente cordes. Je n'y ai pas trouvé grand intérêt : si le début génère une impression de matière tellurique qui me fait penser aux solos pour orchestre, cela évolue assez vite vers un vrombissement général, avec des figures déjà vues et qui me lassent.

Pascal Dusapin - Quatuor VI "Hinterland" - Hapax pour quatuo à cordes et orchestre

L'orchestre Philarmonique de Radio-France est désormais plus au complet, et est rejoint par le quatuor Arditti, le tout sous la direction pleine de vigueur et de prestance de Pascal Rophé. Ca commence ... comme du Steve Reich, qui aurait superposé un mouvement "slow" sur un mouvement "fast" ! Le rythme jouera tout du long un rôle primordial. Il permet de repérer les échanges entre le quatuor et l'orchestre, les effets de miroir et d'inversion : "chacun des deux protagonistes de cette petite aventure musicale devient en quelque sorte l'arrière-pays de l'autre" dixit Dusapin dans le livret. C'est en effet une "petite aventure" plus qu'une grande oeuvre, mais cette expérimentation a son charme, surtout quand c'est le quatuor Arditti qui est mis en avant.

Ailleurs : Michèle Tosi
Le concert peut être visionné sur Cité de la Musique Live.


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