dimanche 15 décembre 2024

Béla Bartók - Le Château de Barbe-Bleue (Philharmonie de Paris - 29 Novembre 2024)

Une excellente version ce soir de ce chef d’œuvre. Si Matthias Goerne interprète un barbe-Bleue quasi marmoréen et sobrement sombre, si Aušrine Stundyté incarne elle une Judith exceptionnelle d'intensité lyrique et dramatique dans tous les aspects successifs de ce rôle exigeant, ceux qui m'ont le plus emballé ce sont les solistes de l'Orchestre Philharmonique de Radio-France dirigé par Mikko Franck, qui à mon siège semblent bondir dans mon oreille, les bois, les harpes, les percussions, me surprennent tout à tour et je découvre nombre détails qui me ravissent. De la récitation initiale d'outre-tombe par József Gyabronka aux éclats de la cinquième porte avec cuivres spatialisés sur les balcons, jusqu'aux figements mortifères de la conclusion désespérée, l'odyssée émotionnelle est pleinement respectée et m'embarque la tête et le cœur.

Ailleurs :José Pons, Christine Ducq, Patrice Imbaud ...

Écoute : Sur France Musique


samedi 14 décembre 2024

Karlheinz Stockhausen - Donnerstag aus Licht Acte 3 (Philharmonie de Paris - 26 Octobre 2024)

Le premier choc est la disposition scénique, l'orchestre étant disposé en gradins sur le plateau, dégageant un espace central où se tiendront comédiens chanteurs et danseurs (chaque rôle est en effet tenu par trois personnes différentes pour incarner chacun de ces aspects). Et régulièrement, la mise en scène bousculera le train-train d'une représentation d'opéra, avec par exemple des choristes dans la salle, ou soudain une intervention tonitruante de Lucifer depuis les balcons. Rien de révolutionnaire, mais de quoi relancer l'attention. Ce qui vaut aussi pour la musique, toujours aussi mystérieusement équilibrée entre une écriture exigeante, savante, sophistiquée, et un flux qui s'écoule comme une évidence, parfois comme une improvisation, quelque-chose de très naturel. Le point le plus faible sera la chorégraphie, qui n'est pas le cœur de métier de Stockhausen, et n'apporte pas grand-chose, dommage pour l'aspect "art total". Le point fort est le final, une fois sorti de la Philharmonie : alors qu'on commence à quitter l'édifice, un appel de trompette surgit, puis un autre lui répond, venant des contre-bas, ou du toit, combien sont-ils cachés ainsi on ne sait pas, mais cela crée une ambience poétique, splendide dans sa simplicité et magique dans son déroulé, qui nous accompagne longtemps alors qu'on s'éloigne.

Tout ce travail de l'ensemble Le Balcon, dirigé par Maxime Pascal, pour couvrir peu à peu les sept journées de Licht, reste d'un niveau exceptionnel.

Ailleurs : Claire-Marie Caussin, David, Thomas Cepitelli ...