Maurice Ravel - Frontispice (orchestration de Pierre Boulez)
La pièce d'origine est pour deux pianos et cinq mains, et c'est du Ravel très avant-gardiste. Pierre Boulez a transcrit cette pièce étonnante pour orchestre en disséminant les boucles décalées initiales en mélodies de timbres. L'aspect exotique et aquatique en est splendidement renforcé, dans un fascinant jeu de textures et de transparences. Cela se conclut par une impériale montée de marches harmoniques, comme l'ascension d'un temple au milieu de la jungle. En à peine deux minutes, quel voyage et suite de sensations !
Christophe Bertrand - Scales
Le titre le laisse deviner : ça va monter et descendre au gré d'échelles de notes diverses. J'y entends beaucoup de Ligeti (du faux statisme, des prolongations sur-aigus - basses ...), c'est par moments très agressif, mais c'est surtout répétitif. Le compositeur explique dans le livret avoir voulu traiter l'exhaustivité de son matériel, mais ce qu'il épuise encore plus rapidement, c'est ma capacité d'attention. La pièce me semble en fait interminable, alors qu'elle ne dure que 15 minutes.
Olga Neuwirth - torsion: transparent variation
C'est une sorte de concerto pour basson ; celui-ci y sonne lourd, sombre, épais. Les réponses de l'orchestre semblent émaner directement de cette masse sonore. Cette pièce est d'inspiration sculpturale, avec des pleins et des creux, de la matière et du vide, des ruptures et des excroissances répétées. Mais je n'ai en fait pas vu grand-chose, et si le jeu de Pascal Gallois est bien évidemment impressionnant de techniques et d'implication, je n'ai guère été passionné.
Benjamin Attahir - Tadikma
Pour conclure cette première partie, voici une pièce écrite spécialement pour les 90 ans de Pierre Boulez par un jeune compositeur prometteur. Musique de chambre, pour hautbois d'amour, trombone, piano, harpe et alto, entourés de quelques percussions (qui demandent un réglage assez précis des gestes, Odile Auboin s'en souviendra ...), structurée autour de quatre séries qui sont la traduction note à note de "joyeux anniversaire pierre boulez", elle offre un aspect quasi-pop, joyeux et entraînant, embarque son lot de délicieuses surprises, dont l'intervention en fond de salle du compositeur lui-même, qui est également violoniste. Une découverte très agréable, et un compositeur à suivre.
Luigi Nono - A Pierre. Dell'azzuro silenzio, inquietum
Sophie Cherrier d'un coté de la scène, armée d'une flûte contrebasse, Alain Billard de l'autre coté, muni d'une non moins impressionnante clarinette contrebasse. Entre eux, un espace dont se saisit une bande magnétique. Les instruments murmurent de mystérieux vrombissements, entre souffle et son, dans une alchimie avec la bande qui ne présente pas d'évolution ou de scénario, c'est une tranche de temps, nocturne, doucement palpitante, très belle.
Die Hochstapler - Improvisations
Voilà qui surprend : du Free Jazz, ni plus ni moins, avec batterie non swinguante, contrebasse énergique, trompette et saxophone, le tout jouant des improvisations à partir de fragments d'oeuvres de Pierre Boulez. Franchement, je ne reconnais aucune oeuvre de départ. Et le résultat n'est pas vraiment concluant, ni dans le cadre "hommage à Pierre Boulez", ni dans un cadre "Free Jazz". Essai non transformé.
Enno Poppe - Zug
Sept cuivres, cela donne une sorte de fanfare, qui plongerait dans de l'exploration micro-tonale. Mais je perds le fil, et sur la longueur, je m'ennuie pas mal.
Pierre Boulez - ... explosante-fixe ...
En troisième partie, cette grande pièce pour flûte, accompagnée de deux flûtes, d'un ensemble d'instrumentistes, et d'une partition électronique, nous est brièvement présentée par le chef d'orchestre Matthias Pintscher comme l'une des plus intimes de Pierre Boulez. Je préfère pour ma part "Répons" ou "Dialogue de l'ombre double", mais on trouve effectivement ici la luxuriance des timbres et des rythmes, les jeux entre la source et ses échos successifs, la maîtrise de l'habillage électronique, qui font les grandes oeuvres de Pierre Boulez dans sa période Ircam.
Ailleurs :
Michèle Tosi
Spotify :
Pascal Gallois Solo ; Neuwirth, Boulez, Berio,
Boulez : ... explosante - fixe ...