Ces concerts marathons de plus de quatre heures, en trois parties, qui remplissent le samedi soir de ces week-ends "Turbulence", ne me conviennent guère, je crains : je n'en garde pas grand souvenir, tout se mélangeant ou s'effaçant sous la fatigue. Ce soir, c'est Matthias Pintscher, le nouveau chef d'orchestre et directeur musical de l'Ensemble InterContemporain, qui propose le programme, qui devient du coup une sorte de manifeste pour les prochaines évolutions de l'EIC.
Première partie
La première partie s'écoule d'un bloc, sans applaudissements, et alterne des pages des
"Kinderszenen" de Robert Schumann, jouées par Hidéki Nagano, avec des morceaux modernes et contemporains. Dans
"Anahit" de Giacinto Scelsi, j'ai plus apprécié le travail orchestral que le violon soliste qui me semble collé devant sans faire vraiment sens. Du violon encore pour
"Study III for Treatise on the veil" de Matthias Pintscher, qui par la fragilité de ses sonorités veut évoquer un pinceau sur une toile, exercice peut-être réussi mais sans grand intérêt. Finalement, les plus belles émotions viendront de l'interprétation par la soprano Marisol Montalvo de
Lieder d'Anton Webern, op. 13 et op. 15 : intensité, engagement, sincérité et émotions.
Deuxième partie
La structure est en miroir. On commence et on finit par un appel de quelques 30 secondes aux trompettes,
"Fanfare for a New Theatre" d'Igor Stravinski. Et deux pièces du cycle des vents,
"Südosten" et "Osten" de Mauricio Kagel : le mélange des sources d'inspirations est plaisant , et les inévitables théâtralités plutôt amusantes, particulièrement quand tous les musiciens détournent les yeux du chef d'orchestre et de leur partition, dans une sorte d'improvisation tranquille, que le chef doit interrompre d'un claquement des doigts. Il me semble avoir bien aimé les
"Trois poèmes de Stéphane Mallarmé" de Maurice Ravel, moins la
"Sonate pour alto" de Bernd Alois Zimmermann, et je n'ai aucun souvenir des
"Slopiewnie" de Karol Szymanowski.
Troisième partie
Les souvenirs s'effilochent encore plus pour cette dernière partie trop tardive pour mon cerveau. A quoi ressemblait la
"Primera Escena" de Marc Garcia Vitoria je n'en ai aucune idée ; les
"gla-dya" de Marco Stroppa pour deux cors ne m'ont pas plus marqué. Et quelle logique les liait aux très courts
"Seven Haiku" de John Cage je l'ignore. Courte aussi, la
"Sonata pian'e forte" de Giovanni Gabriel, mais est-ce bien le rôle de l'EIC, après avoir joué la "Gran Partita" de Mozart il y a quelques années, de remonter encore plus loin dans le temps ?
"The Unanswered Question" de Charles Ives conclura à sa manière cette soirée, dans une mise en scène qui cache les cordes presque en coulisse.
Ailleurs :
Michèle Tosi