mercredi 26 février 2014

Rihm Manoury Zimmermann (Salle Pleyel - 14 Février 2014)

Festival Présences oblige, le placement est libre ce soir dans la salle Pleyel, ce qui détend le personnel moins occupé mais énerve quelques spectateurs munis de places numérotées ...

Wolfgang Rihm - Nähe Fern 2 et 3

Ce sont des hommages aux symphonies de Brahms, qui peuvent être jouées en introduction, ou alors pour elles-mêmes. Je ne me sens pas du tout concerné par cette musique.

Philippe Manoury - Zones de turbulences

Autant j'avais aimé le récent troisième quatuor "Melencolia", autant ce concerto pour deux pianos me semble juste très agité, à la limite du bruyant, avec des démonstrations de virtuosité pianistique qui tourne à vide. Déception.

Bernd Alois Zimmermann - Die Soldaten, symphonie vocale

Quand l'Orchestre Philharmonique de Radio-France se lance dans le déluge instrumental du prélude, on se demande où vont pouvoir se nicher les voix ! Mais la densité sonore s'amenuise pour leur laisser la place, sans que pour autant la complexité et les superpositions ne disparaissent. Prodigieuse partition, bien rendue sous la direction de Peter Hirsch. Chanteurs et chanteuses tout à fait corrects, mais sans susciter d’admiration ou d'émotion particulière.

Ailleurs : Michèle Tosi

lundi 17 février 2014

Turbulences - Nouvelle(s) Direction(s) (Cité de la Musique - 8 Février 2014)

Ces concerts marathons de plus de quatre heures, en trois parties, qui remplissent le samedi soir de ces week-ends "Turbulence", ne me conviennent guère, je crains : je n'en garde pas grand souvenir, tout se mélangeant ou s'effaçant sous la fatigue. Ce soir, c'est Matthias Pintscher, le nouveau chef d'orchestre et directeur musical de l'Ensemble InterContemporain, qui propose le programme, qui devient du coup une sorte de manifeste pour les prochaines évolutions de l'EIC.

Première partie

La première partie s'écoule d'un bloc, sans applaudissements, et alterne des pages des "Kinderszenen" de Robert Schumann, jouées par Hidéki Nagano, avec des morceaux modernes et contemporains. Dans "Anahit" de Giacinto Scelsi, j'ai plus apprécié le travail orchestral que le violon soliste qui me semble collé devant sans faire vraiment sens. Du violon encore pour "Study III for Treatise on the veil" de Matthias Pintscher, qui par la fragilité de ses sonorités veut évoquer un pinceau sur une toile, exercice peut-être réussi mais sans grand intérêt. Finalement, les plus belles émotions viendront de l'interprétation par la soprano Marisol Montalvo de Lieder d'Anton Webern, op. 13 et op. 15 : intensité, engagement, sincérité et émotions.

Deuxième partie

La structure est en miroir. On commence et on finit par un appel de quelques 30 secondes aux trompettes, "Fanfare for a New Theatre" d'Igor Stravinski. Et deux pièces du cycle des vents, "Südosten" et "Osten" de Mauricio Kagel : le mélange des sources d'inspirations est plaisant , et les inévitables théâtralités plutôt amusantes, particulièrement quand tous les musiciens détournent les yeux du chef d'orchestre et de leur partition, dans une sorte d'improvisation tranquille, que le chef doit interrompre d'un claquement des doigts. Il me semble avoir bien aimé les "Trois poèmes de Stéphane Mallarmé" de Maurice Ravel, moins la "Sonate pour alto" de Bernd Alois Zimmermann, et je n'ai aucun souvenir des "Slopiewnie" de Karol Szymanowski.

Troisième partie

Les souvenirs s'effilochent encore plus pour cette dernière partie trop tardive pour mon cerveau. A quoi ressemblait la "Primera Escena" de Marc Garcia Vitoria je n'en ai aucune idée ; les "gla-dya" de Marco Stroppa pour deux cors ne m'ont pas plus marqué. Et quelle logique les liait aux très courts "Seven Haiku" de John Cage je l'ignore. Courte aussi, la "Sonata pian'e forte" de Giovanni Gabriel, mais est-ce bien le rôle de l'EIC, après avoir joué la "Gran Partita" de Mozart il y a quelques années, de remonter encore plus loin dans le temps ? "The Unanswered Question" de Charles Ives conclura à sa manière cette soirée, dans une mise en scène qui cache les cordes presque en coulisse.

Ailleurs : Michèle Tosi

mercredi 5 février 2014

Quatuor Arditti - Manoury, Dusapin (Cité de la Musique - 21 Janvier 2014)

En introduction, Laurent Bayle, visiblement ému, dédie le concert à la mémoire de feu Claudio Abbado.

Philippe Manoury : Quatuor à cordes n° 3 "Melencolia"

Chaque membre du quatuor Arditti a devant lui trois crotales (de petites cymbales accordées), ce qui ponctue le discours de jolies résonances aiguës, qui se marient spectaculairement bien avec les cordes. Il y a moins de violence que dans certaines oeuvres récentes de Manoury, c'est plus une lumière mordorée, tamisée, claire-obscure, qui est proposée, au gré d'épisodes parfois rapides mais le plus souvent contemplatifs ou frémissants. Il n'y a ni électronique ni spatialisation, et pourtant les techniques utilisées évoquent les sons enregistrés à l'envers, les modulations, les transformations en temps réel. De nombreux passages sonnent comme des rituels, rythmés par les crotales ou par des sortes de pizzicati lentement métronomiques. Il y a de la tension, du mystère, et même de l'émotion qui affleure, filtrée, voilée, mais à portée, que ce soit plages de tristesse, asthénie du deuil, ou éclats de rage. Un seul grand bloc de 40 minutes, impressionnant et splendide.

Pascal Dusapin - Khôra

C'est une pièce d'un petit quart d'heure, pour orchestre de trente cordes. Je n'y ai pas trouvé grand intérêt : si le début génère une impression de matière tellurique qui me fait penser aux solos pour orchestre, cela évolue assez vite vers un vrombissement général, avec des figures déjà vues et qui me lassent.

Pascal Dusapin - Quatuor VI "Hinterland" - Hapax pour quatuo à cordes et orchestre

L'orchestre Philarmonique de Radio-France est désormais plus au complet, et est rejoint par le quatuor Arditti, le tout sous la direction pleine de vigueur et de prestance de Pascal Rophé. Ca commence ... comme du Steve Reich, qui aurait superposé un mouvement "slow" sur un mouvement "fast" ! Le rythme jouera tout du long un rôle primordial. Il permet de repérer les échanges entre le quatuor et l'orchestre, les effets de miroir et d'inversion : "chacun des deux protagonistes de cette petite aventure musicale devient en quelque sorte l'arrière-pays de l'autre" dixit Dusapin dans le livret. C'est en effet une "petite aventure" plus qu'une grande oeuvre, mais cette expérimentation a son charme, surtout quand c'est le quatuor Arditti qui est mis en avant.

Ailleurs : Michèle Tosi
Le concert peut être visionné sur Cité de la Musique Live.