Mélanie Leray - La Mégère apprivoisée (Théâtre de la Ville - 11 Mars 2015)
Voilà une pièce de William Shakespeare qui pose problème : comment monter une comédie qui parle d'une femme à la parole libre, mais qui se fait marier de force à un homme qui, en la privant de nourriture et de sommeil, en l'humiliant, en la coupant de sa famille, finit par l'abrutir en épouse modèle ? En opposant d'un coté les hommes, tribu mafieuse ridicule au point d'en être pathétique, aux deux femmes, la cadette qui joue le jeu et l’aînée qui s'y refuse et lutte, crie, pleure et souffre, Mélanie Leray essaie d'orienter la pièce vers une dénonciation de la situation de bien des femmes victimes d'un mari abusif, aujourd'hui comme hier. Cela ne marche que très partiellement. Parce que Vincent Winterhalter propose un Petruccio haut en couleurs, fourbe, brutal, mais très charismatique, et complètement en phase avec le texte, face à Laetitia Dosch qui joue la Catherine maltraitée, mais qui a bien du mal à faire passer de l'émotion à travers un texte qui n'est pas là pour ça. Les grandes scènes de confrontation ne fonctionnent pas, et quand le discours final ("nous femmes de faible constitution devons obéissance à nos maris qui nous fournissent protection et support") est applaudi par quelqu'un dans la salle qui visiblement le prend totalement pour argent comptant, c'est qu'il y a malaise : on ne perçoit pas ce qu'explique le livret, que ce discours serait prononcé uniquement pour faire semblant, par une Catherine manipulatrice (mais y gagnant quelle liberté, de toute façon ?). Des scènes de nudité (masculine et féminine) pas toujours indispensables, des projections vidéo de regards larmoyants un peu trop nombreuses, n'arrangent pas l'affaire. Restent de jolies chansons interprétées en intermèdes par Ludmilla Dabo, et une troupe masculine amusante, où brillent Winterhalter, donc, et également Jean-Benoît Ugeux, qui joue son serviteur âme damnée, avec un accent terrible.
Ailleurs : Mélissa Leclerc
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