Ambra Senatore - Aringa Rossa (Théâtre de la Ville - 14 Février 2015)
Sur un plateau nu (mais doté de quelques accessoires) s'agitent quatre danseurs et cinq danseuses (dont la chorégraphe elle-même) au fur de scènes variées, les unes de danses (pleines de tensions et d'extensions, sans rien d'extrême, ni sauts extravagants, ni travail au sol impressionnant, mais des corps qui expriment le quotidien dans le mouvement et la pose de façon captivante), d'autres de théâtre (pleines d'humour, comme cette dérive sur "je suis Pamela" qui devient "je suis papa, non, pas papa" ou "je suis pas mal, là", ou ce coup de téléphone avec excuses traduites d'un langage de signes improvisé, qui tourne à l'absurde et se conclut par un splendide "elle n'a rien compris"), et d'autres où tout se mélange, avec des techniques venues de la télévision (des interprétations stéréotypées et outrancières façon télénovellas), de la vidéo (des ralentis, des arrêts sur images, des retours en arrières !), ou du cinéma (montage puzzle façon David Lynch).
Le prétexte est une petite scène de quelques minutes présentée vers la fin, dont toutes les menues péripéties se trouvent agrandies, disséquées, réfractées au long de la grosse heure du spectacle. Cela crée un lien entre les scénettes, mais sans créer de scénario à déchiffrer, et sans qu'il y ait un message, une leçon, une morale à tirer.
C'est donc de la danse particulièrement hybride, qui mélange ses ingrédients avec grand art, et aboutit à une soirée formidablement réjouissante, réalisée avec peu de moyens mais beaucoup d'idées. Un grand bonheur.
Ailleurs : Amélie Bertrand, DanseAujourd'hui, Ève Beauvallet ...
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