John Zorn - Shir Hashirim (Grande Halle de la Villette - 5 Septembre 2009)
Le livret indiquait : "Pour les accompagner dans ces sensuels vertiges du désir divin, l’iconoclaste saxophoniste s’appuie sur un chœur de cinq femmes et un quintet d’électrons libres". Mais en fait il n'y aura pas de saxophone (il fallait être la veille à Pleyel où il avait rejoint sur scène, ais-je lu, Lou Reed et Laurie Anderson), et deux parties bien distinctes.
Le quintet d'électrons libres
Je ne sais pas si ces 5 là ont déjà été réunis (peut-être pour un des Film Works ?), et si cette configuration porte un nom. Nous avons à la basse Greg Cohen, imperturbable et impérial, pour impulser un tempo souple et bondissant. Aux percussions, Cyro Baptista n'utilise par morceau qu'un ou deux éléments, coloriste inventif dans ce minimalisme imposé. Au-dessus d'eux dialoguent Kenny Wollesen au vibraphone, Marc Ribot à la guitare acoustique, et Carol Emmanuel à la harpe. Sur des mélodies typiquement Zorniennes (tendance "book of angels", petites phrases aux confluences multiples, malléables et catchy), ils entremêlent leurs interventions selon les indications instantanées données par John Zorn, présent sur scène, obéi au doigt et à l'oeil. Nous sommes dans la frange la plus accessible de Zorn, entre "Dreamers" et "Alhambra Love Songs". De la grande volée tout le temps, et par moments, de la beauté la plus haute, presque miraculeuse. Des musiciens de tout premier ordre, et habitués depuis des années à travailler les uns avec les autres en configurations diverses, cela donne des échanges magnifiques, où chacun brille tour à tour, tous au service de la musique. Extraordinaire.Le choeur de cinq femmes
Après un intermède plus long que prévu suite à la chute d'une dame dans les hauts rangs de la salle, la seconde partie propose une toute autre musique. Au centre, un choeur de cinq femmes, qui officiait déjà sur le "Filmworks XXII". Elle enchaine les épisodes, en polyphonie à la Steve Reich ou John Adams, et en polyrythmie pleine d'échos ethniques. Sur ce tissage vocal aérien, Clotilde Hesme et Mathieu Amalric (déjà réunis sur scène par Vannier) récitent le "cantique des cantiques". Leurs deux voix sont magnifiques en récitant. Malgré quelques notes aigües difficiles pour la soprano, malgré quelques imperfections chez Amalric (plus acteur que comédien - Hesme est elle parfaite, présence et diction magistrales), l'ensemble est assez captivant, envoutant par moments. La poésie du texte est révélée, soutenue et magnifiée par le travail du choeur. Le public semble plutôt apprécier, même si l'enthousiasme est moins fort que pour d'autres prestations de John Zorn. Mais c'est qu'il ne s'agit franchement pas ici de Jazz ! C'est de la musique contemporaine vocale, sans improvisation. Accessible, certes, mais je ne suis pas sur que ce soit ce qu'il était venu voir.Ailleurs : Damien, Belette, Perrin
1 commentaire:
beaucoup appris
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