lundi 31 octobre 2005

Richard Wagner - Die Walküre (Théâtre du Châtelet - 30 Octobre 2005)

Comme précédemment (ceci est la première journée, mais l'épisode 2 ; les ambiguïtés de numérotation ne datent pas de Star Wars !), j'arrive après tout le monde. Que cela ne m'empêche pas d'en dire juste un mot !

Acte I (cet acte, je l'avais vu l'an dernier en version de concert, et cela avait validé mon envie de voir l'intégrale dès que possible, sans que je puisse me douter que ce serait si tôt).
Ca commence par un orage, que l'on devrait deviner glacé, trempant jusqu'aux os le malheureux Siegmund blessé et en fuite. Malheureusement, les choix orchestraux de Christoph Eschenbach touchent ici leur limite, et le déluge devient presque un orage d'été, passager et bienvenu, rien de bien méchant. Et lors de la rencontre avec Sieglinde, c'est Wilson qui joue trop petit bras. Le sommet de la passion amoureuse représenté par des mains échangeant un peu de vide au ralenti (non, pas de corne remplie de boisson, omniprésente dans le texte ; cela serait trivial), ça n'aide pas à se sentir vraiment concerné ! Heureusement, survient Hunding, qui fait son grand numéro de monstre verdâtre. Ca aide temporairement à rester éveillé, surtout que la voix de Stephen Milling est plus impressionnante que celles des tourtereaux, Peter Seiffert et Petra-Maria Schnitzer.
Ah, Sieglinde, elle a connu bien des malheurs ! Chez les Hunding, on est plutôt du genre à se bourrer la gueule à la bière tiède sur des airs d'accordéon rance avant de rentrer baiser bobonne, alors ce bel inconnu blessé, quel émoi ! Ils se racontent un peu leur vie, puis il s'excite sur le printemps qui arrive, sur les oiseaux les papillons tout ça tout ça, et finit quand même par dégainer son glaive avant de sauter sur sa soeur (dire que j'ai, à une époque, apprécié le thème de Nothung ; le ridicule ne tue pas, ouf !).

Acte II. Beau décor de haute montagne, nu, désolé, entre mont Olympe et plateau du Népal, à mi-chemin entre terre et ciel, entre humains et dieux, avec un grand cadre d'horizon, où passent toutes les couleurs du spectre, argenté, doré, bronzé, cuivré, bleus intenses, noir profond. D'abord, la scène de ménage. Ah, le grand retour de Fricka ! J'aime toujours autant la voix de Mihoko Fujimura ! Elle tourne autour de sa proie de mari, qui essaie de justifier l'injustifiable avec de bien piètres arguments ("Ils sont frère et soeur, mais puisqu'ils s'aiment, y a pas de mal à ça !", ou "OK, c'est pas bien, mais j'en ai besoin !"), qu'elle déchiquette d'une belle rhétorique contractuelle. Cerné, transformé en ombre de lui-même, en fantôme à peine bleuté, Wotan, sa bonne humeur initiale définitivement enterrée, se rend dans de lugubres lamentations aux évidences de sa femme (le désespoir de Wotan, mon leitmotive préféré). Comme quoi on peut avoir l'air redoutable d'un pirate des Mers du Sud croisé haut potentat mandarin, et posséder une volonté faite du même métal que la plasticine de Wallace et Gromit. Excellente mise en scène, grand moment.
Mais sur la distance, la voix de Jukka Rasilainen accuse un manque d'émotion dommageable. Ce qui alourdit quelque peu son grand monologue explicatif adressé à sa fille Brünnhilde, à moitié allongés cote à cote sur des dalles de pierre : gisants sur des tombes ? ou divans d'analyse ?
Après quelques péripéties annexes, le grand duel : Siegmund vs Hunding ; avec Brünnhilde protégeant, la traîtresse, son demi-frère, et Wotan obligé de se salir dans les basses besognes. Mise en scène rigoureusement incompréhensible pour qui ne sait pas ce qui se passe. Pour une fois qu'il y a de l'action ! Bref, Siegmund est tué, l'épée magique est brisée, Sieglinde et Brünnhilde s'enfuient avec.

Acte III. Ca y est, les Walkyries débarquent ! Dans leur tenue triple épaisseur, elles sont un tantinet moins sexy que les amazones de Barbarella, et leur ballet aléatoire entre promontoires escamotables est un peu déconcertant. Mais la grande scène, c'est la défense invraisemblable de Brünnhilde : non non, elle n'a pas désobéi aux ordres, elle a simplement suivi ceux qu'il n'avait pas osé, pas pu, pas voulu donner ! Et ça marche, il y croit ! Un grand moment de Plasticine-Wotan ! La walkyrie célèbre sa victoire en imitant le jeu de mains de sa belle-mère, se mirant tête renversée dans sa paire de gants. Comme j'ai du mal à suivre la voix de Linda Watson, qui m'indiffère, je déguste les métamorphoses de l'orchestre, et attend l'arrivée du feu. Musicalement splendide, mais un peu décevant, scéniquement : ils préparent un barbecue ou quoi ?

Et voilà, épisode suivant en Février. J'avais dit : juste un mot, en fait, j'en ai mis dix.

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