Jeanne Added - By Your Side (Philharmonie de Paris - 3 Novembre 2023)
C'est le premier concert de Jeanne Added dans le cadre de sa carte blanche à la Philharmonie cette année (elle reviendra deux fois), et elle commence par le plus habituel, présentant son dernier album, et un peu plus. En effet, deux heure trente n'est pas une durée classique pour elle, et pour habiter cette durée, elle a clairement découpé la soirée en trois parties, avec, et c'est la première fois que je la vois faire cela, des changements de tenue !
On commence par une version un peu plus courte et un peu plus pêchue des concerts qu'elle a donnés l'an dernier pour la sortie de l'album (un des concerts tombés dans la période de silence de ce blogue). Même tenue noire, pantalon et haut moulant, même dispositif scénique avec des escaliers montant à un long balcon surplombant les musiciens poussés sur le bord de scène, mêmes chorégraphies avec les deux choristes. Elle enchaîne les morceaux les plus énergiques, positifs et dansants, parfois en medley, ou juste un peu allongés mais sans grands changements par rapport aux versions studios. C'est fichtrement efficace, et c'est impressionnant comme elle a construit en quelques années une ribambelle de tubes. Galvanisant et jouissif. Et fin du premier acte.
Elle revient tout en rose, en robe avec de longues manches, mais en latex (ou genre latex). Girlie but queer ... Et rapidement, en chantant du Sinéad O'Connor (un titre que je ne connaissais pas), elle descent de scène, traverse la foule du parterre, s'installe sur une petite estrade au milieu du public, troque sa guitare électrique contre une guitare sèche, et se lance, en compagnie des deux choristes et de la claviériste dans une session acoustique, pleine de reprises, des titres les plus émouvants et lents, demandant à un moment au public de lui souffler les paroles, c'est détendu, intime, très touchant.
Pour le troisième acte, retour sur scène, où les musiciens alignés prennent plus de place, et où les morceaux ont le plus été retravaillés, souvent plus secs, plus tranchants, plus longs. Un "It" puissant et rageur. Une version de "Lydia" de référence. Une énergie qui vient des tripes et qui donne envie de hurler. Un set sombre et lumineux, bouleversant.
Et c'est déjà la fin. Un titre en plus, comme ça, a cappella, je ne sais plus lequel, avec toute la troupe (désolé, pas de livret distribué, je n'ai pas trouvé leurs noms) et c'est terminé.
Un concert somme, qui fonctionne comme un marqueur d'étape, déployant un univers musical mais aussi scénique, une ambition artistique et le plaisir de communiquer avec son public, qui trouve dans la grande salle de la Philharmonie (pleinement remplie) sa jauge idéale (et un son parfait).
Certains des concerts de sa nouvelle carrière souffraient d'une alternance un peu trop rapide entre les moments chauds et froids, lents ou rapides, entre le fun et le poignant. Ce soir, la division en parties bien distinctes permet de creuser successivement chacun des climats, et cela fonctionne à merveille. Sans doute son meilleur concert (post Jazz), et qui fera date.
Spotify : J'ai récupéré la liste des morceaux joués, qui montre que mes souvenirs sont déjà trompeurs ; pas grave, dans ces chroniques, la sensation m'est plus importante que la vérité. J'ai transcrit cette setlist en playlist.
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