Xavier Le Roy - Le Sacre du printemps, Trio et Solo (Théâtre des Abbesses - 15 Octobre 2023)
L'idée de départ est génialement simple : un chef d'orchestre communique par les mouvements de son corps avec son orchestre pour lui donner des indications de jeu mais aussi des sentiments, des ressentis, des sensations ; donc c'est de la danse. Pour mettre cet aspect en avant, prendre la partition archétypale et si souvent chorégraphiée du Sacre du printemps de Stravinski est un excellent choix, qui offre tant de rythmes et tant de détails que l'interprète peut aller chercher d'un geste de la main, imiter d'un glissement de bras ou d'une torsion de tout le corps.
J'ai commencé par la version en trio, où les interprètes passent à tour de rôle, démarrant puis arrêtant la bande d'un geste bien marqué, avant de laisser la place au suivant. Il y a des recouvrements, certains passages sont joués deux fois, par deux personnes différentes. Si bien que cela ressemble à un concours d'orchestre, et comme là, chacun à son style, plus ou moins fluide ou heurté, doux ou dynamique, agressif ou retenu (ma préférée, c'est Scarlet Yu). Cela ensuite se complique, avec plusieurs chefs sur scène en même temps, et une bataille pour la place centrale à la fin. Bref, une grande idée au départ, et une excellente déclinaison le long de la presque heure, c'est parfait.
Pour la version en solo, lui aussi commence dos aux spectateurs, comme si l'orchestre imaginé était sur la scène (vide), pour se retourner au bout de quelques minutes, nous plaçant nous spectateurs à la place des musiciens. Le début est un peu désordonné, comme si le chef était en retard sur la musique. Je pensais à un fait exprès, peut-être une réflexion sur l'age, mais Xavier Le Roy s'excusera pendant les applaudissements : il a cru voir dans le public une personne essayant de sortir de la salle et n'y parvenant pas, et cela l'a durablement désarçonné. Mais il se reprend vite, et lui bien sur joue toute la partition, sans manques et sans reprises. On se rend compte alors qu'il y a myriades de détails qu'aucun du trio ne reprenait, qu'ils remplaçaient par des répétitions. C'est plus impressionnant, mais les différences entre les membres du trio ajoutaient une intéressante profondeur.
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