10 ans après le 30ème anniversaire de la naissance de l'EIC, tombe le 40ème anniversaire de la naissance de l'EIC. Mais cette soirée est plus ambitieuse, et plus réussie. Conçue par les deux flûtistes Emmanuelle Ophèle et Sophie Cherrier, elle se divise en quatre "livres" successifs, chacun proposant une série d’œuvres, en extraits ou en intégralités, illustrant une décennie. Les enchaînements sont remarquables de fluidité, avec des pièces jouées dans les gradins pendant que la scène est réaménagée, et des projections vidéos pour servir de parenthèses, etc. L'équipe des installateurs, qu'on voit si souvent travailler d'arrache-pied pour tout déplacer d'une pièce à l'autre, aura d'ailleurs droit à un hommage en cours de soirée.
Autre particularité : les œuvres jouées ne seront connues qu'après le concert, pour laisser la surprise. Et les applaudissements sont très limités entre les pièces.
Du beau boulot, donc !
(j'ai loupé le début du concert, n'ayant pas pris conscience de l'horaire particulier de 19h30, marathon musical oblige, mais j'ai pu rattraper par la vidéo)
Livre 1 (1977-1987)
On commence par une fanfare (du Berio) et de la percussion (du Xenakis), départ bien explosif, mais les points forts sont un émouvant "Mémoriale (... explosante-fixe ... Original)" de Boulez, et un 3ème mouvement du "Concerto de chambre" de Ligeti bien précis et enlevé.
Livre 2 (1987-1997)
Toujours de la diversité dans les effectifs successifs : un quintet de cuivres, un quatuor à cordes, un quintet de vents, un orchestre de chambre ... Mes moments préférés : la joliment élégiaque 1ère des "3 inventions" de Benjamin, et un extrait plaisamment agité de "Gejagte Form" de Rihm.
Livre 3 (1997-2007)
C'est le piano que je préfère dans cette partie, qu'il soit en solo dans une étude 1 d'Unsuk Chin, classique et poétique, ou en dialogue, étincelant, avec des percussions, dans le "Tombeau in memoriam Gérard Grisey" de Philippe Hurel. Mais le choix d'extraits atteint un peu ses limites : les univers de Jonathan Harvey ou de Philippe Manoury ne sont pas mis à l'honneur par les passages choisis.
Livre 4 (2007-2017)
Un peu de saturation avec la clarinette contrebasse de "Art of metal II" de Yann Robin, spectaculaire mais qui sonne déjà "vieux" ; "... Nachlese II...", un duo pointilliste et fiévreux violon / violoncelle de Michael Jarrell ; un "Octet" pour instruments à vent de Peter Eötvös qui me laisse assez froid ; Bruno Mantovani vient diriger un extrait de ses "Streets", où se mélangent genres et couleurs et où fusent les traits solistes ; et un extrait de "bereshit", du chef actuel Matthias Pintscher, qui a tendance à un peu trop servir ses propres oeuvres.
Et c'est fini, tout le monde s'assemble, musiciens, personnel administratif, techniciens divers, surpris par une soudaine explosion de confettis, le public longuement applaudit, c'est beau.
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