Trio En Corps / Risser, Duboc, Perraud (Atelier du plateau - 15 Mars 2017)
Ce trio a sorti un disque il y a quelques années, et célèbre la sorte d'un deuxième ce soir. Je connaissais les trois musiciens, mais ils sont si polyvalents que le résultat de leur alliage était peu prévisible.
A une extrémité, il y a Edward Perraud, qui restructure continuellement sa batterie, démontant une cymbale, utilisant des archets aux formes étranges, complétant son set par des percussions venues d'ailleurs, pour varier continuellement les couleurs, les textures, les sonorités proposées. A l'autre extrémité, Eve Risser joue sur un piano préparé, dans une sorte de minimalisme exacerbé, des boucles sur deux ou trois notes, des scansions d'accords qui fouillent et s'enfoncent, mais où pulse une intensité d'invention à la Cecil Taylor, avant de tripatouiller d'indevinables objets dans la caisse de résonnance. Et au milieu, Benjamin Duboc règle la marche depuis sa contrebasse ; il me semble que c'est lui qui lance les nouvelles séquences et gère les changements de climat, entre des plages presque statiques, où tout vibre, fluctue, grince et grandit souterrainement, dans une nuit un peu hallucinée, et d'autres plages plus dynamiques, parfois même rythmiquement très vives, où d'éphémères schémas surgissent, oh une mélodie, oh un emportement synchrone, avant de se disloquer.
Tout ça est à fleur de peaux, à fleur de nerfs, à fleur de muscles, avec des identités très fortes à chaque pupitre, et de spectaculaires et imprévisibles changements parfois d'un instant à l'autre. Un trio en confrontation bien plus qu'en fusion, mais qui génère une musique organique et passionnante.
Ailleurs : concert de ce soir par Anne Montaron, chronique de leur deuxième disque par Philippe Méziat.
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