Jusqu'au bout de l'impro (CNSMDP - 16 Janvier 2016)
C'est à Anne Montaron qu'on doit cette nuit d'improvisations au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. J'y suis allé en me demandant combien de temps j'allais tenir, finalement j'aurais bien continué plus longtemps ! La diversité des styles musicaux présentés, et l'alternance régulière obligeant à changer de salle toutes les heures, ont bien réussi à me tenir éveillé, j'en étais tout étonné.
Seuls les premiers concerts étaient si pleins que du monde est resté à la porte, si bien que je n'ai pu assister aux improvisations médiévales, ni à l'ensemble de contrebasses. Les rangs sont ensuite restés très correctement remplis, beau succès d'audience, très jeune, visiblement beaucoup d’élèves et d'accointances.
Je vais me contenter d'un recueil d'impressions.
Agréable entrée en matière avec un Quintette Be Bop, qui improvise sagement, en collant à la grille, rien de révolutionnaire. Bien plus intéressante est l'improvisation modale qui suit, qui propose l'alap et le teentala du raga Puriya Danashree, à la flûte, par Samuel Bricault, accompagné à la guimbarde, tablas, et tampura, celle-ci jouée par Gabriel Gosse, qui interviendra plusieurs fois dans la nuit, un nom à suivre. Très belle interprétation, calmement envoûtante, je suis sous le charme.
Après une longue pause forcée par le trop-plein du public dans la deuxième salle, nous retournons au même Espace Fleuret, pour une rencontre entre musiciens et danseurs (le M et le D de CNSMDP). Il y a deux groupes de musiciens : des élèves de la classe d'accompagnement chorégraphique, aux allants les plus classiques, et d'autres de la classe d'improvisation générative, plus expérimentaux. C'est une demi-heure passionnante, où on voit les personnalités, ces deux-là qui ne peuvent se retenir de danser avant même l'arrivée des musiciens, celle-ci qui brille de suite en grands mouvements, celui-ci qui cherche sa place, ceux-là qui se regroupent et s'amusent avec les musiciens, ceux qui s'ignorent, ceux qui s'attirent, ceux qui se la jouent un peu trop, ceux qui sont soudain saisi par un court moment de grâce. Et puis se pose une question essentielle qui se répétera au cours de la nuit : comment finir une improvisation ? Les temps impartis sont courts pour ces élèves ivres de scène. Anne Montaron fait de grands signes pour couper, ils finissent par la voir et s'arrêtent dans un certain flottement.
Cette fois-ci, j'accès à la deuxième salle, garnie d'un magnifique orgue. On commence par des portraits de spectateurs, où des pianistes posent quelques questions à des volontaires pour ensuite improviser à partir de ces indices. C'est malin, souvent drôle, avec certains mots, des lieux, des couleurs, des sentiments, qu'on peut reconnaître dans l'improvisation, souvent composée de plusieurs thèmes successifs ensuite mêlés. Réussir à arrêter les pianistes est la partie la plus compliquée ...
Suit une improvisation à l'orgue, en fait en trio, orgue, piano, orgue Hammond, mais qui ne m'accroche guère, je n'ai pas l'impression d'un grand échange entre les musiciens.
Retour à l'Espace Maurice Fleuret pour du Big Band autour de John Kirby. François Théberge présente les pièces, et les dirige, très dansant. Les arrangements sont écrits pas les élèves ; c'est entraînant, d'une excellente facture, sans trop de solos, l'importance est plutôt dans l'écriture orchestrale. Bref, c'est très plaisant.
S'ensuit une improvisation générative autour de Ludwig Van de Mauricio Kagel. C'est du Sound Painting, avec pas mal d'éléments théâtraux, de grands rires collectifs, des gags musicaux, mais aussi de la bonne musique avec son lot d'émotions. Du bon travail.
Du séjour suivant en salle d'orgue, je ne garde guère de souvenirs; Une adaptation pour Quartet de Jazz de la sonate pour piano de Henri Dutilleux assez crispée et sans grand charme. Des improvisations Jazz et musique ancienne où brilla vaillamment, malgré l'heure tardive, ou très matinale, la soprano Marie Perbost.
Et donc, la soirée se termine par des improvisations Jazz. D'abord deux guitaristes en solo, Aurélien Hall, en acoustique, et Gabriel Gosse, en électrique et pédales d'effet, excellents l'un et l'autre, dans des styles très différents.
Et enfin, Médéric Collignon mène en Sound Painting une dizaine d'élèves qui forment un effectif assez disparate (deux pianos, un accordéon, trois flûtes, deux violons, deux violoncelles, et une clarinette). Il embraie ensuite sur "Red Clay" de Freddy Hubbard, où il se lance en beatbox et scat, pour un final haut en couleurs et en énergie.
Et ainsi boostés, après un petit dèj un brin décevant, les biscuits apéros à minuit étaient meilleurs, nous partons dans le matin à peine blême, voir si Paris s'éveille ...
Ailleurs : plus de photos ici, et réécoute de la Nuit sur France Musique
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