dimanche 29 octobre 2006

Solistes EIC (Cité de la Musique - 29 octobre 2006)

Edgar Varèse - Densité 21.5

Emmanuelle Ophèle joue sans partition cette pièce écrite pour une flûte en platine, et en lointaine réponse au Syrinx de Debussy (les deux s'enchaînent dans la radio). Dans les appels répétés, les longues tenues comme des plaintes, les stridences soudaines, on sent, sous la sonorité solaire, la douleur constamment affleurer, dans cette interprétation intense et magnifique.

John Cage - Sonates et interludes

Il va falloir se les procurer en disque ! Après John Constable en Septembre, c'est Sébastien Vichard, tout jeune arrivé à l'EIC, qui propose sa sélection, entre épopée héroïque (sonate 12), et drone obsédant (sonate 14). Et c'est toujours excellent.

Iannis Xenakis - Kottos

C'est une démonstration de sonorités rugueuses, violentes, ou glissantes, fuyantes, une partition extrême, mais au résultat un peu vain, une brutalité qui ne mène pas à grand-chose. Pierre Strauch s'en sort sans problème, mais sans trancender non plus ce qui fut vraiment une pièce de concours, en l'occurence le concours Rostropovitch de 1977 (et ça se sent).

Steve Reich - Vermont Counterpoint

Retour d'Emmanuelle Ophèle, armée de trois flûtes (alto, en ut, piccolo), qu'elle alterne, accompagnée par une bande où jouent 10 autres flûtes, dans une structure d'une étonnante audace "fast fast slow fast" (c'est dans le doublement asymétrique des "fast" initiaux qu'est l'audace). En amphithéâtre, le mélange bande-instrumentiste passe beaucoup mieux, ne serait-ce que parce qu'on peut enfin bien distinguer la part de chaque. La principale difficulté semble être de rester bien dans le rythme, et de ne pas se tromper de flûte. Facile, quoi. Mais joli, agréable, rafraichissant, joyeux, bondissant, sympathique !

Steve Reich - Different Trains

Pour compléter le programme Steve Reich, qui fêtait il y a quelques semaines ses 70 ans, un de ses morceaux les plus célèbres. J'ai à une époque été fortement marqué par ses bruits de train, ses lambeaux de phrases copiés aux cordes, ses rythmes harcelants ; quelques années plus tard, j'étais exaspéré par le coté gadget des ses reprises de mélodie vocale, par ses répétitions usantes, par son discours totalement inabouti (oui, quand il voyageait en train aux USA, d'autres trains transportaient des Juifs vers les camps ; et ?) ou d'une naïveté atterrante ("le progrès, parfois, c'est mal", qui sera le thème de "Three Tales", il me semble). Et aujourd'hui ? J'essaie d'y trouver de la musique, et il y en a, un peu, par exemple dans les sifflements de sirène, qui sont joués par des combinaisons toujours changeantes de cordes, et qui en acquièrent une texture, une couleur, très intéressantes. Mais pour l'émotion, nada. C'est une musique qui réclamerait une vidéo, de la musique de clip. Peut-être est-ce ainsi que je l'ai vu la première fois, dans un documentaire sur le Kronos Quartet (mais il y a encore des vidéos qui ne sont pas sur Youtube).

Radio

Après le Syrinx de Debussy et le platine de Varèse, je propose une interprétation du "Vermont Counterpoint" issu d'un concert marathon donné au Withney Museum, dont le site offre l'intégralité en MP3 (lien connu via Alex Ross). Enfin, en grondement de trains, plutôt qu'encore du Reich, je préfère un extrait du volume 5 du Book of Angels.

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