mardi 22 avril 2014

Turbulences - Air Libre (Cité de la Musique - 12 Avril 2014)

Des trois concerts marathons "Grand Soir" proposés cette année par la Cité et l'EIC, c'est celui qui m'a le plus plu, dans son organisation : la deuxième partie obligeant à se déplacer, et la troisième partie se résumant à une seule oeuvre d'accès plus aisé, permettaient le mieux de ne pas craindre les effets de la fatigue.

Merci à Bruno Mantovani d'avoir ainsi évité l'effet d'overdose qui m'avait atteint lors des deux premières éditions.

On commence dans la grande salle.

Brian Ferneyhough - Cassandra's Dream Song

A mesure que le temps passe, le caractère virtuose hallucinant de la partition s'efface un peu au profit de l'aspect onirique, et presque de douceur dans la flûte d'Emmanuelle Ophèle. Splendide.

Raphaël Cendo - Badlands

Pièce pour percussionniste seul. Le livret indique que les instruments ont été largement préparés : feuilles d'aluminium, lamelles d'argent. A l'audition, ça ne s'entend guère, sans doute parce que le son de base de toutes ces percussions n'est pas suffisamment inscrit dans mon oreille pour que je sente la modification. C'est une pièce pour percussion comme il en existe tant d'autres, pas désagréable.

Johannes Boris Borowski - Concerto pour basson et ensemble

J'ai le souvenir, mais guère plus, d'avoir suivi avec plaisir cette pièce, pas particulièrement novatrice, mais intéressante, comme on dit ...


La deuxième partie du concert se déroule entre l'amphithéâtre et différents coins du musée de la musique ; il faut faire des choix, impossible d'assister à tout. Je choisis de rester dans le musée.

Isang Yun - Inventionen / Franco Donatoni - Luci II

"Inventionen" est pour 2 hautbois, "Luci II" est pour basson et cor. Les deux sont en plusieurs parties. Les solistes de l'EIC alternent du coup entre les deux. C'est toute une série de formes de duos qui est ainsi présentée, de lignes parallèles en échos, de tuilages en questions-réponses. Ca reste léger, très joli, et assez savoureux dans ce cadre très proche des musiciens.

Bruno Mantovani - Métal

Cette oeuvre, déjà entendue par ses commanditaires Meyer et Portal, ressort mieux ce soir. J'en apprécie surtout les mouvements rapides, où la rythmique est superbement vive et swinguante. Réjouissant.

Dai Fujikura - Calling

Ce compositeur était dans ma liste des "à suivre", là j'ai été très déçu. Ce solo pour basson utilise des modes de jeux qui ne me captivent absolument pas, et me semble du coup d'un ennui interminable et par moments pénible.

Thierry de Mey - Musiques de table

C'est une pièce assez courte, mais spectaculaire, qui relève autant de la musique que de la chorégraphie : trois percussionnistes sont assis devant une planche de bois qu'ils frappent, frottent, tapotent des doigts, du dos ou du plat de la main, dans des séries de gestes synchrones ou décalés. Le résultat est aussi minimal et varié qu'une pièce de Keersmaeker, avec l'humour presque absurde qu'il faut : cérémonial du tournage des pages, intensité exagérée de la concentration. A noter l'apparition en percussionniste de Grégoire Simon, habituellement altiste ... Curieusement, ils enchaînent sans laisser applaudir sur :

Bruno Mantovani - D'une seule voix

C'est un duo violon-violoncelle traité comme un instrument unique. L'écriture y est par moments presque "classique" (en hommage à ?), moins précipitée et rythmique que souvent chez Mantovani. Intéressant ...


On retourne dans la grande salle pour la troisième partie.

Steve Reich - Musique pour 18 musiciens

C'est une belle manière de clore la soirée : une musique pas trop exigeante, mais confortable et rassérénante. Ce sont (comme toujours ?) les Synergy Vocal qui tiennent les chants ; ils sont toujours aussi précis et parfaits dans l'utilisation des micros, même 'il faut un petit temps pour qu'à la table de mixage ils fondent correctement les voix dans le reste de la texture sonore. Il n'y a pas de chef, ce sont les percussionnistes qui à tour de rôle indiquent les changements de séquence, et se déplacent pour se faire en position centrale. Ces va-et-vient rajoutent une dimension de mise en scène propice à plus de concentration, et c'est bien. L'arrivée des maracas produit toujours son effet euphorisant, et dans l'ensemble, cela permet de sortir sur un petit nuage de jubilation tranquille.

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