samedi 17 octobre 2009

François Verret - Do You Remember, No I Don't (Théâtre de la Ville - 15 Octobre 2009)

De François Verret, j'ai vu plusieurs spectacles, mais peu récemment, puisque le seul mentionné dans ce blogue est Contrecoup, qui date de 2005. J'avais en effet un sentiment de redite, qui m'avait poussé à faire une pause dans les spectacles de ce chorégraphe metteur en scène.
Le dispositif sur scène est plus discret que d'habitude, mais reste très présent : une cloison coupe la scène dans toute sa longueur, qui sera opaque ou plus ou moins transparente. La partie arrière de scène est parfois enfumée, et l'éclairage ajoute encore des complexités dans les images mentales qui se succèdent, parfois à peine esquissées avant de replonger dans le noir, ne laissant que comme l'empreinte d'un rêve.
Des corps blessés se redressent sur un matelas, une pianiste pousse à toute force son piano sur un sol accidenté, un type creuse des tombes dans un nuage de poussière, un gars en fauteuil roulant passe et repart, l'atmosphère est à la catastrophe, passée et à venir. Des parenthèses humoristiques permettent de reprendre souffle, comme ces discours politiciens au ridicule convenu. Cette dernière scène étant précédée d'une magnifique et effrayante séquence, où d'une machine se détache un tuyau qui se pliant dépliant avance par secousses sur le sol, avant qu'en émerge un corps qui se sert alors du tuyau comprimé comme d'une robe d'un modernisme ringard.
Le tout est accompagné de textes, inspirés de Heiner Müller. Mais de ce discours, je n'ai rien retenu ! Je préfère les images inventées par la mise en scène, la musique partiellement improvisée au piano par Séverine Chavrier en grands coups ou cavalcades, la danse qui éclate en fulgurances brèves et sèches.
Rien ne dure, en fait. Le tout est bouclé en 50 minutes, et je reste un peu sur ma faim, j'aurais bien aimé que cela continue. La dernière scène résonne douloureusement avec des actualités récentes sur la fragilité des identités : une femme se fait interroger par des voix robotiques, "what's your name ? where do you come from ?", à qui elle répond en chantant "I don't, I don't, I don't remember !", dont la force primitive, même un peu naïve, mais viscérale, reste longtemps après les applaudissements fournis.

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