dimanche 22 janvier 2006

Lachenmann / Mozart - Zender (Cité de la Musique - 21 Janvier 2006)

Helmut Lachenmann - Accanto

Pour clarinette et orchestre, l'oeuvre est supposée basée sur le concerto pour clarinette de Mozart (point d'orgue de la semaine, donc, rencontre réalisée). Ca commence comme d'habitude par beaucoup de souffle, puis vient une assez jouissive partie en ostinato, tout le monde en pizzicati, que le clarinettiste Ernesto Molinaro accompagne en frappant son instrument sur son genou, et tapotant l'embouchure laissée vide, tout en jouant quand même sur les clefs ; résultat : la clarinette en instrument de percussion, ça fonctionne, mais ce n'est pas totalement convaincu non plus. Le passage suivant (que le livret appelle "scène de sommeil") est plus inhabituel, pour Lachenmann : non dirigé, l'orchestre entoure de fioritures (écrites ou pas ? le livret dit "passage aléatoire", mais quelle est l'amplitude du hasard je l'ignore) une improvisation lente de la clarinette, ambiance nocturne, presque rassérénée. Là intervient le concerto de Mozart, jusqu'ici inaudible, et dont un court extrait déclenche le foutoir. Ca s'agite dans tous les sens et les musiciens du SWR Sinfonieorchester de Baden-Daden et Freiburg s'amusent comme des petits fous, même si c'est à contre-sens du texte musical ; si le tuba et la clarinette hurlent dans leurs tubes des "Je ne peux pas !" ou des "Oh mon Dieu !", ce devrait être par désespoir de ne pouvoir supporter la beauté Mozartienne. Vers la fin, le souffle reprend, le bruit du vent mais l'effet d'une inondation, menaçant la musique de désintégration.
Ma voisine de gauche exulte, quasi-hystérique, fascinée par la beauté de l'envers du tapis ; celle de droite vitupère contre des effets démodés redondants et ridicules.

Wolfgang Amadeus Mozart - Symphonie 34

L'allegro vivace est une entrée triomphale, de grands effets architecturaux, Beethoveniens, c'est magnifique. L'andante di molto retombe quelque peu dans le sucré, on n'entend que les cordes, qui développe un peu trop gentiment leurs thèmes. Ca se réveille pour un nouvel allegro vivace, où les flons flons des violons laissent par moments entendre les hautbois.
La voisine de gauche hurle à l'assassinat du son Mozartien, son mari tente de la calmer ; celle de droite est heureuse d'avoir quand même entendu de la musique, et s'enfuit.

Helmut Lachenmann - Schreiben

C'est une oeuvre créée en 2003, et on y sent nettement une inflexion de la musique Lachenmannienne. Le changement date apparement de son opéra "La Petite Fille aux allumettes". Il accepte d'intégrer des sonorités "normales", pleines, ce qui donne lieu à des suites d'accord, ou à des travaux sur les couleurs du son d'orchestre, un son énorme par moment, qu'il sculpte à la manière de Scelsi, et où il ajoute ses propres techniques copyrightées depuis plus de 30 ans. Si ces oeuvres des années 60-70 étaient composées comme des signes de la mort prochaine de la musique, et nous font aujourd'hui plutôt rire, cette dernière composition sonne moins radicale, mais pleine de force vive, et de moments exaltants.

Mise à jour : Dans le Pot-Pourri, j'ajoute la deuxième moitié de "Notturno", dont parle le Vrai Parisien, et "Tableau", un morceau plus récent de Lachenmann ; au milieu, un autre compositeur dont on est censé fêter l'anniversaire, non ses 250 ans mais juste son centenaire, Dmitri Chostakovitch, qui lui aussi savait parfois s'amuser avec le son orchestral.

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