jeudi 2 septembre 2010

Marc Ribot Meshell Ndegeocello "A Night of Improv" (Cité de la Musique - 31 Août 2010)

Black Diamond Heavies

John Wesley, chanteur à la voix râpée et caverneuse, entre Joe Cocker et Lemmy de Motörhead, qui secoue sa copieuse chevelure comme un muppet, beugle des insanités en plaquant accords et mélodies sur un Fender Rhodes au son crasseux et poisseux, suintant des odeurs vénéneuses d'un fond de tripot ; à la batterie, Van Campbell pilonne les fûts en citant Bonham (de Led Zep), et fait tournoyer ses baguettes comme Frank Beard (de ZZ Top). Toutes les chansons ressemblent à des reprises, blues graisseux, boogies brulants, hymnes sudistes, effluves New-Orleans.
Une grosse claque, qui pousse les potards de la sono près de la zone rouge, et qui est assez courte pour ne pas lasser. Ca s'avale comme un verre de bourbon, lourd et épais, façon bitume fondant. Je m'attendais à une reprise de ZZ Top, période "La Grange", mais ce fut du Van Halen, "Ain't Talk About Love".

Marc Ribot & Meshell Ndegeocello

Pour une "night of improv", le format reste assez conservateur. Ce sont des chansons, avec des couplets et des refrains, qu'interprètent à tour de rôle Meshell Ndegeocello, Marc Ribot et Marc Anthony (alias Chocolate Genius). Le terrain est assez vaste mais cohérent, entre Funk, Rock, Folk, Soul, le tout saupoudré des "nu-" "néo-" ou "post-" qui indiquent l'aspect avant-gardiste de leur jeu. Après la tumultueuse première partie, ils se lancent avec beaucoup d'énergie également, et un peu plus de subtilité. Marc Ribot nous la joue guitar hero à fond, lignes brisées féroces, gonflées de souvenirs de riffs et d'éclats venus d'on ne sait où. Le nuage islandais ne l'ayant pas cette fois chassé, je me régale de cette énergie généreuse aux cheminements toujours surprenants, qui est la corde que je préfère dans sa riche panoplie. Meshell Ndegeocello reste plus réservée, basse somptueusement rebondissante, voix chaude comme du velours, mais elle ne se met guère en avant. Marc Anthony apporte sa touche soul sur plusieurs chansons (et semble un peu ronger son frein quand il n'a pas à chanter !). Et les autres musiciens ne sont pas en reste : Keefus Ciancia jongle entre divers claviers, dont un impressionnant appareil plein de cadrans et de boutons, qui créent des effets spéciaux aux charmes psychédéliques très vintage ; Deantoni Parks est un excellent batteur, grosse caisse très tonique, des bras qui moulinent des rythmes multicouches aux complexes profondeurs, même s'il y est parfois à la limite de l'essoufflement, et qui excelle dans le funk robotique qu'il troue de silences bien trouvés.
Pas énormément de Jazz dans ce premier concert du Festival de Jazz de la Villette, mais une grosse dose de bonnes surprises, donc tout baigne.

foule

Ailleurs: Alex Duthil, Jazz Mag

Spotify: Black Diamond Heavies - Alive as Fuck, Meshell Ndegeocello - Plantation Lullabies, Marc Ribot - Yo! I killed your God.

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