Lucinda Childs - Songs from before
De hauts panneaux verticaux et coulissants en verre zébré divisent la profondeur de la scène en couloirs successifs, où se croisent des hommes et des femmes qui traversent le plateau, et parfois engagent un pas de deux. A partir de là, tout est affaire de variations : présence, absence, transparence partielle et superposition des panneaux, nombre de couples sur la scène, intensité et durée des pas de deux ... Et c'est un petit bijou, un plaisir constamment renouvelé. Ca m'a fait penser aux "Beach Birds" de Cunningham : une liberté très contrôlée mais qui donne l'impression d'un déroulé très naturel, fascinant et relaxant. (De la musique de Max Richter et surtout des textes de Haruki Murakami récités par Robert Wyatt, je n'ai par contre gardé aucun souvenir).
Bruno Bouché - Bless-Ainsi soit-il
Deux hommes, figurant Jacob et l'Ange, s'enlacent et s'agrippent, s'accrochent et se combattent. Un pianiste présent sur scène joue du Bach, caution chic. Sauf que tout ça me semble assez cliché et me laisse bien indifférent.
William Forsythe - Enemy in the Figure
Un chef d’œuvre qui reste un chef d’œuvre. La musique, le décor, la lumière, la scénographie, et la danse qui surgit, explose, se cache, rebondit, tout est magique, exaltant et mystérieux. J'en vois ce soir des emprunts, ici à un échauffement de gymnastes, là à une troupe de danse en répétition, et je lis ailleurs que certaines séquences sont en partie improvisées - peut-être parce que le niveau technique est tel qu'il faut rendre la partition accessible à des corps moins aiguisés. Tout est beau, polysémique et envoûtant ; cette corde qu'on agite sur le sol : ligne de vie, pulsion cardiaque, lien ? Je vois que chaque personnage a un nom (Betsy, Isabel, Thomas, Christopher ...) : faut-il trouver un sens à tout ça, une histoire, une signification derrière certains costumes particuliers ? Mais on est si vite happé, transporté, à scruter les ombres et savourer chaque mouvement, qu'un éventuel décodage devient impossible, et inutile.
Ailleurs : Delphine Goater, Agnès Izrine ...