dimanche 20 décembre 2009

Kind of Porgy & Bess - Electric Miles (Cité de la Musique - 18 Décembre 2009)

Paolo Fresu Quintet - Kind of Porgy & Bess

Cette première partie n'arrivera pas à m'emballer. Le son de la trompette de Paolo Fresu est d'une splendide limpidité, la guitare de Nguyên Lê d'une belle inventivité, mais cela ne suffira pas. Un solo de batterie particulièrement mastoque, un solo de piano à l'intensité athlétique assommante, Dhafer Youssef en invité qui se contente par moments de hululer sans grande inspiration, tout ça ne décolle jamais vraiment, et frôle bien souvent le banal. La présence assez importante de l'électronique, qui fusionne par moment la trompette et la guitare, crée une distance, un manque d'authenticité. Ca manque de chair et d'âme. Vers la fin, la version rapide, presque rock, de Summertime, surprend enfin, et le bis, où Dhaffer Youssef joue du oud en duo avec Nguyên Lê, est très joli.

Laurent Cugny Enormous Band - Electric Miles

Longtemps, j'ai dédaigné les big-bands. Mais cette année a été pour moi leur grand retour, avec "Le sens de la marche" de Marc Ducret, ou le MégaOctet d'Andy Emler. Et ce soir encore, l'énergie que dégage cet Enormous Band est un petit régal. Les arrangements de Laurent Cugny sont suffisamment simples pour qu'il puisse diriger les opérations du piano ou du synthé (l'alliage guitare/synthé permettant à elle seule de retrouver les saveurs électriques du Miles du début 70's),il s'avance néanmoins pour diriger plus précisément son petit monde dans quelques intros bien chiadées. Et du monde, il y en a, sur scène ! 5 saxophones, 1 flûte, 5 trompettes, 2 trombones, 1 cor, 1 tuba, bien alignés en estrade à droite ; au centre, 1 batteur et 1 percussionniste ; à droite, 1 guitariste et 2 bassistes ; plus un grand piano et un clavier. Au milieu des inconnus (où je retiendrais particulièrement le percussionniste Xavier Desandre-Navarre, joliment efficace sans ostentation), quelques vedettes, dont Stéphane Belmondo, qui prendra le premier solo, superbement vif et tranchant, ou Thomas De Pourquery. Mais c'est dans leur succession et leurs différences que ces solos plus ou moins enchainés deviennent passionnants, qui permettent d'apprécier l'étendue des styles et des techniques : il y en a qui louvoient et d'autres qui foncent, des qui s'attaquent à la rythmique et d'autres qui déconstruisent la mélodie, des qui passent le temps comme ils peuvent et d'autres qui ont préparés des machines de guerre à étages, des qui hurlent et d'autres qui roucoulent. Après quelques morceaux arrive David Linx, pour d'abord une reprise de Kurt Weill qui m'a peu enthousiasmé, puis retour au matériel électrique de Miles Davis, où son inventivité matinée quand il faut d'une douceur de crooner fait merveille (même si la folie de Médéric Collignin aurait encore plus permis d'enflammer définitivement cette matière incandescente). En bis, et pour clôturer la soirée en beauté, ils reprennent mon titre préféré de "Porgy and Bess", "Gone", avec solo superposé de trois trompettistes. Heureux ! (et heureux de rentrer à pied, la fin tardive du concert coïncide avec celle de Kery James au Zénith, provoquant un bel embouteillage sur la ligne de métro ...)

Ce concert est disponible sur Arte LiveWeb en deux parties, Kind of Porgy and Bess et Electric Miles.

Spotify:
Ella Fitzgerald - Gershwin "Porgy And Bess"
Miles Davis - Porgy and Bess
Laurent Cugny - Yesternow

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